Avec plus de vingt artistes et plus de quatre-vingt-dix œuvres provenant d’une quarantaine de collections publiques et privées, cette exposition explore le goût des surréalistes pour l’ésotérisme, l’alchimie et l’occulte, thèmes délaissés depuis l’exposition « Le surréalisme en 1947 », à la galerie Maeght de Paris. En six salles, le riche parcours alterne quelques focus sur des peintres emblématiques – Giorgio De Chirico et sa peinture métaphysique, Kurt Seligmann et ses recherches sur les sciences occultes, Victor Brauner et le tarot – et des espaces thématiques sur la cosmologie, l’invisible, l’androgynie, rassemblant plusieurs créateurs. Au-delà de la présence de tableaux majeurs, tels Le Cerveau de l’enfant (1914) de De Chirico, La Toilette de la mariée (1940) de Max Ernst, ou encore Les Amants (1947) de Victor Brauner, l’exposition, née de la collaboration avec le musée Barberini de Potsdam, met en relief la figure symbolique de la femme dans son aptitude à se métamorphoser, effaçant les frontières entre les genres et les espèces. Ainsi, les œuvres de Leonora Carrington, notamment la sculpture La Grande Dame (1951) ou la toile Les Plaisirs de Dagobert (1945), comme celles de Leonor Fini – dont le somptueux Portrait de la princesse Francesca Ruspoli (1944) — de Dorothea Tanning ou encore de l’artiste espagnole rarement exposée, Remedios Varo, illustrent cet être sis entre déesse, animal et végétal, sorcière et ogresse, chimère, mère et fée. Didactique, cette exposition soulignant la magie comme moyen d’apaiser les consciences est aussi une belle introduction à la Biennale d’art contemporain de Venise, dont le titre « Le Lait des rêves » est emprunté au livre éponyme de Leonora Carrington, grande inspiratrice de la 59e édition.