L’état moyen de ce guide Michelin n’a pas découragé les enchérisseurs puisqu’ils ont été plusieurs à se disputer, à coups de fourchettes bien sûr, pour s’approprier à 11 193 € cet exemplaire, doté de sa célèbre reliure en percaline et daté de 1900. Il faut dire que si près de 50 000 exemplaires de cette célèbre édition ont été imprimés à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris de 1900, seuls une trentaine d’entre eux sont à ce jour répertoriés. Une telle apparition est donc bien logiquement guettée… et chaque fois honorée comme elle le mérite. Car la société Michelin est un mythe qui a ses passionnés et son association, «Les Amis du pneumatique» créée en 2000 à Clermont-Ferrand. Cette même année de début de millénaire, l’un de ces précieux guides était proposé à la vente à Royat et acquis par le chef triplement étoilé Pierre Troisgros, pour la somme de 5 800 €. Début de l’engouement pour un petit objet publicitaire, initialement offert pour l’achat de pneumatiques, témoin d’une époque où les routes de France comptaient 2 400 conducteurs. À ces pionniers de l’automobile, l’ouvrage fournissait des informations précieuses : garagistes, médecins, plans des villes et curiosités à voir… mais aucun restaurant où s’arrêter ! Ceux-ci n’apparaîtront qu’en 1920, lorsque le petit livre rouge sera vendu, et il faudra attendre encore 1926 pour voir scintiller les premières étoiles.