Provenance impériale russe, sujet exotique, manufacture pétersbourgeoise rare sur le marché français, trois atouts pour un résultat de poids.
Si l’histoire des manufactures françaises et flamandes nous est bien connue, celle des ateliers russes de Saint-Pétersbourg l’est beaucoup moins. La fiche du catalogue, rédigée par Emmanuel Ducamp, apprenait que c’est à la suite de sa visite à la manufacture des Gobelins à Paris en mai 1717 que Pierre le Grand (1682-1725), ébloui par la qualité du travail des ouvriers, décida d’intensifier ses efforts pour développer l’art de la lice dans son pays. Le tsar ne repartit pas de ce voyage les mains vides, recevant en présent deux tentures dont celle dite des «Anciennes Indes», réalisée d’après des œuvres des Néerlandais Albert Eckhout (vers 1610-1666) et Frans Post (1612-1680). Il fallut encore quelques années pour que les métiers à tisser impériaux relèvent le défi et réussissent à sortir des œuvres de belle tenue. Les archives conservées dans la cité de la Baltique permettent de savoir que la «Tenture des Indes» fut copiée entre 1732 et 1746. Le chiffre «EP» brodé dans la partie supérieure de cette tapisserie, représentant Le Roi porté par deux Maures, étant celui d’Élisabeth Ire (montée sur le trône en 1741), il est juste de situer sa date d’exécution entre 1741 et 1746. 231 840 € honoraient sa réalisation. Visiblement, les ateliers russes avaient surmonté leurs difficultés premières et étaient en mesure des produire des pièces de haute volée !