Dans la tradition asiatique, le sceptre est un insigne de pouvoir des plus importants, remontant aux temps reculés des premières dynasties chinoises. Il s’agit d’un genre de bâton de chef qui revêt, à partir du début des Qing (1644-1912), la forme du champignon d’immortalité lingzhi, un symbole de longévité et de bonheur. Il sera fabriqué dans les matériaux les plus nobles jade, or, argent, ivoire, bronze, émaux cloisonnés, bambou, laque, etc. mais jamais ne changera d’allure, une silhouette qui le rend immédiatement reconnaissable. À la même époque, il devient un cadeau de bon augure. Le Vietnam adopte l’objet et sa fonction. Sous la dynastie des Nguyen (1802-1945), la dernière au pouvoir, de nombreux exemplaires seront produits. Celui-ci associait l’or, l’argent finement ciselé et le jade blanc. Son inscription indique qu’il fut offert par l’empereur d’Annam Khai Dinh (1916-1925) à un général français. L’objet, présenté dans son coffret en laque rouge et or, peinte d’un dragon et d’un phénix parmi des nuages, se distinguait avec une enchère de 122 496 €. Le second temps fort très attendu de cette vente concernait l’ensemble d’objets provenant de l’ancienne collection Jean-Léonor-François Le Marois, fidèle parmi les fidèles de l’empereur Napoléon Ier (voir Gazette no 44 du 14 décembre, page 61), dans lequel les créations d’époque Empire dominaient logiquement. Honneur à Joséphine Le Marois fut témoin de Bonaparte lors de leur mariage , avec une miniature de Daniel Saint (1778-1847) la représentant altière et en buste (4,5 x 3 cm), enlevée à 14 036 €. Place ensuite à un secrétaire en armoire 139,5 x 106 x 46,5 cm) en acajou et placage d’acajou, à la très belle ornementation de bronzes ciselés et dorés réunissant des bustes d’Égyptienne, des palmes, l’enlèvement d’Hélène par Pâris et des figures féminines inspirées des fresques de Pompéi et d’Herculanum. Ce meuble, certainement réalisé entre 1805 et 1810, en imposait et se dressait ici à 45 298 €.