Une fête mythologique ou une marine sereine ? Un choix cornélien s’imposait dans la cité nancéienne, proposé par deux peintres élégants, l’un d’origine liégeoise, l’autre, romaine.
Vu dans la Gazette n° 26 (voir l'article Une allégorie signée Gérard de Lairesse page 121), le tableau de Gérard de Lairesse décrivant une Allégorie des sens (86 x 116 cm) n’a pas déçu ses admirateurs, en remportant le score de 61 400 €, au double de son estimation haute. Né à Liège, il y a suivi les cours de Berthollet Flemalle, ce qui lui vaut une manière classicisante, très proche de celle de Nicolas Poussin. Pourtant, de Lairesse fait carrière aux Pays-Bas, en s’installant à Amsterdam ; il y acquiert le surnom de «Poussin hollandais» et travaille pour les plus grands, à l’image de Guillaume d’Orange. On ne peut qu’approuver leur goût face aux détails virtuoses de notre toile, où, accompagnée par deux nymphes musiciennes jouant du tambourin et du triangle, s’ébat toute une troupe de putti symbolisant l’ouïe, le toucher, l’odorat, le goût et la vue… À la deuxième place, s’installait, avec 52 804 €, une Marine avec des bateaux de pêche par temps calme (Pausilippe, Naples), une toile (75 x 125 cm) attribuée à Carlo Bonavia en raison de sa délicate manière. Né à Rome, cet artiste va aller s’installer à Naples, où lui aussi deviendra célèbre pour ses représentations vaporeuses de la côte campanienne. Au dos, une ancienne étiquette mentionne : «Veduta del monte Pausilipo, vicino di Napoli, questo cadro dipinto da Bernardo Belloti…». Si la localisation semble plausible, cette ancienne attribution, elle, ne tient pas, au vu du style habituel de ce peintre vénitien…