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Souffle italien

Publié le , par La Gazette Drouot
Vente le 02 décembre 2015 - 13:30 (CET) - Salle 5 - Hôtel Drouot - 75009

Modestes par leurs dimensions, ces médaillons à sujets allégoriques des saisons constituent de véritables morceaux de sculpture, étonnants d’expressivité. Décryptage.

Fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle, attribuée à Orazio Marinali (1643-1720), dit... Souffle italien

Fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle, attribuée à Orazio Marinali (1643-1720), dit Il Vecchio. Paire de médaillons en marbre blanc de Carrare représentant des allégories du printemps et de l’hiver, cadres de bois mouluré sculpté de la même époque, h. (totale) 51,5, l. 35 cm.
Estimation : 6 000/10 000 euros

Vous avez l’habitude de contempler des profils ? Nos modèles, eux, s’ils tournent la tête font face au spectateur et sont sculptés en si haut relief qu’ils semblent prêts de sortir de leur cadre. La nervosité de la sculpture – on perçoit presque les veines de ces allégories – et le traitement original des visages permettent d’attribuer ce travail à Orazio Marinali (1643-1720), dit Il Vecchio. Soit l’un des maîtres vénitiens de la sculpture des dernières années du XVIIe et des premières décennies du siècle suivant, dont l’art pittoresque serait à la hauteur de celui de Giambattista Tiepolo. Issu d’une famille de sculpteurs, formé dans l’atelier paternel, Marinali s’installe à Venise et se perfectionne auprès du Flamand Josse de Court (1627-1679). Là, il s’imprègne du style baroque, fortement marqué par la représentation prononcée et réaliste des sentiments humains. Ses sculptures ornementales, dispersées dans de nombreuses villas de Vénétie, et ses figures de caractère se distinguent par des attitudes et des mouvements particuliers. Ainsi de deux bustes de Diogène, l’un conservé au Museum of Fine Arts de Boston, l’autre dans les collections du Palazzo Mocenigo à Venise, et d’un buste d’homme barbu visible à la Fondazione Scientifica Querini Stampalia de la Sérenissime. Ou d’une paire de bustes de Démocrite et Héraclite, des années 1700, cédée le 5 novembre dernier pour 89 400 euros frais compris à Paris. Un bon présage pour nos représentations des saisons, auquel il convient d’ajouter l’enthousiasme des experts ! Le goût, voire l’obsession pour la virtuosité du seicento sert parfaitement l’allégorie. Pourquoi donner immédiatement le sens quand on peut interposer une image avec ses attributs ? Symboles du temps, les saisons marquent les moments fondamentaux de la vie de l’homme de sa naissance à sa mort, en passant par sa maturité et son déclin. Si les Grecs figuraient les saisons sous les traits de quatre femmes, souvent placées dans des monuments funéraires – signe du caractère éphémère de la vie humaine –, le Moyen Âge et la Renaissance préfèrent recourir aux activités agricoles qui leur sont associées, les semailles, la fenaison et la moisson, la récolte et la vendange, puis la chasse. Ainsi la succession des saisons marque les rythmes de la nature et de la vie. Le printemps est, on s’en doute, parmi les sujets les plus appréciés du répertoire iconographique. Il représente la jeunesse et l’insouciance, la fécondité de la nature sous les traits d’une jeune femme la tête ceinte d’une couronne de fleurs, tenant à la main un bouton ou un bourgeon. Première saison de l’année, le printemps marque la renaissance périodique, après la «mort» hivernale. Notre Flore souriante, les cheveux tressés de fleurs, tient une rose de la main droite, tandis que l’on devine la gauche en bas de son drapé. À ses côtés, l’hiver est représenté par un vieillard barbu, enveloppé d’un drap en guise de manteau. Un brasero, des arbres dépouillés, des paysages enneigés ou des scènes d’abattage du porc sont autant de représentations liées à cet hibernum tempus. Tout n’est qu’artifices et interprétations...
 

Fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle, attribuée à Orazio Marinali (1643-1720), dit Il Vecchio. Paire de médaillons en marbre blanc de Carrare représent

Fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle, attribuée à Orazio Marinali (1643-1720), dit Il Vecchio. Paire de médaillons en marbre blanc de Carrare représentant des allégories du printemps et de l’hiver, cadres de bois mouluré sculpté de la même époque, h. (totale) 51,5, l. 35 cm.
Estimation : 6 000/10 000 euros

mercredi 02 décembre 2015 - 13:30 (CET) - Live
Salle 5 - Hôtel Drouot - 75009
Thierry de Maigret
Gazette Drouot
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