Le surnom de «maître de la lumière» lui a été donné par Monet lui-même. Et si Joaquín Sorolla y Bastida (1863-1923) n’adhéra pas totalement à sa technique, il fut néanmoins considéré comme «l’impressionniste espagnol». Ses tableaux sont marqués par des éclats vibrants de lumière pure : Cosiando la vela (Cousant la voile), peint en 1896, est caractéristique de sa manière. Pour la première fois depuis un siècle, la National Gallery de Londres présente une soixantaine d’œuvres retraçant la carrière de Sorolla. En sept salles, l’exposition montre toutes ses facettes, depuis sa famille omniprésente, avec Madre (1895-1900), toute de blancheur, s’opposant à sa muse et épouse Clotilde en robe noire (1906). Les mêmes figures se promenant sur la plage d’El Cabañal se retrouvent dans une autre toile éblouissante de lumière. Laquelle n’oublie pas les dénonciations sociales : Une autre Marguerite (1892), son premier grand succès, illustre l’arrestation d’une femme pour infanticide. Moderne, le peintre savait néanmoins reconnaître ses maîtres. Le Portrait de Maria avec une mantille (1910) rappelle Goya. Le Nu féminin (1902), admirablement nacré, est une réponse à La Vénus au miroir (1651) de Velásquez. Quatre grandes études préparatoires (1912) plongent dans les traditions folkloriques espagnoles et les paysages, comme ceux des jardins de l’Alcàzar à Séville et de l’Alhambra à Grenade. Espagnol avant tout, Sorolla avait, selon le commissaire Christopher Riopelle, «un sens osé et novateur de la composition». Et l’on retient «l’éclat du soleil sur l’eau, la chaleur moite d’un après-midi et la force d’une brise marine [qui] irradient ses œuvres».