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Simon-Pierre, de pêcheur à pape

Publié le , par Anne Foster
Vente le 12 février 2018 - 14:00 (CET) - 32, place des Lices - 35000 Rennes

Rome est au début du XVIIe siècle le creuset d’une nouvelle peinture religieuse. Élève DES Carrache , le Guerchin offre des œuvres humanistes, comme en témoigne cette œuvre.

Francesco Barbieri dit le Guerchin (1591-1666), Saint Pierre en prison, vers 1623,... Simon-Pierre, de pêcheur à pape
Francesco Barbieri dit le Guerchin (1591-1666), Saint Pierre en prison, vers 1623, huile sur toile, 92 x 72 cm.
Estimation : 30 000/50 000 €

L’homme, encore musclé malgré son âge, tend son visage vers une fenêtre laissant passer un rayon de soleil à travers les barreaux. Son regard ne se trouble pas, ne vacille pas. Pierre, en prison, est habité de la foi de celui qui est tombé. Il a été l’un des premiers disciples de Jésus. Sur son conseil, il a jeté ses filets, ayant déjà passé des heures futiles à les lancer, et fait alors une pêche miraculeuse. «Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu auras à capturer», lui avait alors annoncé Jésus (Luc, 5) ; plus tard, il s’était spontanément élancé sur les flots à sa suite. Simon nommé Képhas, c’est-à-dire Pierre, par le Seigneur, est faillible : il a renié par trois fois le Christ lors de sa Passion. «Mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne disparaisse pas. Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères», lui pardonne Jésus (Luc, 22:31-32). Pierre est devenu le chef de la communauté ; emprisonné par Hérode Agrippa Ier, il quitte miraculeusement sa prison, obéissant à un ange. C’est cet homme désormais doté d’une foi inébranlable que le Guerchin a voulu rendre sensible au spectateur. Cette toile a été brossée lors de son séjour à Rome, de 1621 à 1623. Né à Cento, dans la province de Ferrare, Barbieri, qui sera appelé il Guercino, est attiré par les œuvres des Carrache, notamment Ludovico, dont il avait pu admirer le tableau réalisé pour le maître-autel de Cento. Il cherche un art fondé sur la nature, adoptant une matière souple, aux teintes chaudes, et un emploi subtil de contrastes lumineux. Appelé à Rome par le pape Grégoire XV Ludovisi, Bolonais comme les Carrache, il réalise plusieurs peintures honorant le premier évêque de Rome et pape : Le Martyre de saint Pierre, peint entre 1616 et 1619, au musée de Modène, Saint Pierre pleurant devant la Vierge, aujourd’hui au Louvre, et Saint Pierre libéré par l’ange, conservé au Prado, à Madrid. Saint Pierre en prison a été offert à José de Madrazo y Agudo (1781-1859), peintre de Charles IV et directeur du Prado, pour se retrouver ensuite dans la collection de l’infant Don Sébastien Gabriel de Bourbon et Bragance et de son fils Pierre, dont la vente eut lieu en 1890, à Paris ; le tableau est depuis conservé dans une collection bretonne. «L’excellence de ses mœurs et de son caractère, la bonté de son âme, sont aussi célèbres que ses ouvrages», écrit Jean-Joseph Taillasson en 1807, dans Observations sur quelques peintres. «Cet heureux naturel fait aussi peut-être une partie de leur différence avec ceux des autres peintres qui ont suivi la même route que lui.»

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