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Roselyne Bachelot, ex-ministre de la Culture : Madame Sans-Gêne rue de Valois

Publié le , par Vincent Noce

Roselyne Bachelot a livré son témoignage sur son passage à la Culture. Beaucoup loueront sa liberté de ton, même si certains regretteront le grand écart déontologique. De la personne, on retient le courage quand elle bataillait pour le PACS ou contre une grave atteinte de Covid. En cette période éprouvante, le ministère...

  Roselyne Bachelot, ex-ministre de la Culture : Madame Sans-Gêne rue de Valois
 

Roselyne Bachelot a livré son témoignage sur son passage à la Culture. Beaucoup loueront sa liberté de ton, même si certains regretteront le grand écart déontologique. De la personne, on retient le courage quand elle bataillait pour le PACS ou contre une grave atteinte de Covid. En cette période éprouvante, le ministère eut à sa tête une personnalité politique, la plus populaire du gouvernement, capable de se battre pour ses budgets. Comme elle le dit à l’envi, la France a soutenu financièrement la culture comme aucune nation au monde. Mais son gouvernement est aussi le seul à avoir fermé ses établissements près d’une année. Manifestement, Roselyne Bachelot ne  comprend toujours pas la meurtrissure du monde de la culture, taxée de « denrée non essentielle » alors même qu’il se voyait offrir de telles sommes. Son image se délite ainsi à la lecture d’un livre trahissant le ressentiment et un rapport élastique à la vérité. Quelle Bachelot croire ? Celle qui s’exclamait que « jamais, jamais » elle ne reviendrait au gouvernement ? Ou celle ayant demandé la Culture à Jean Castex, pour assouvir « le rêve de quarante années de politique » ? Elle prétend que les musées « se sont engagés dans un examen méthodologique (sic) de toutes leurs collections » pour repérer les biens pillés par les nazis. Si seulement… Le lecteur ne peut pas la croire un instant quand elle nie avoir espéré être reconduite, elle qui traite de haut sa remplaçante. Même Stéphane Bern, qui fait joujou avec son Loto, n’y échappe pas. Roselyne Bachelot n’est pas « un de ces conseillers ou mirliflores qui se piquent d’aimer le théâtre d’avant-garde ». Elle a tout prédit des défis d’aujourd’hui. Mais elle a hérité d’un monstre, « perclus de clientélisme », légué par « des dinosaures », qui « n’ont rien vu venir » : André Malraux, Michel Guy et Jack Lang, lequel aurait jeté l’argent par les fenêtres, pour les effets de sa « propagande » et au seul bénéfice d’une élite parisienne – une « politique démentielle de l’offre qui n’a aucunement servi la  démocratisation de la culture ».

La flatterie du prince lui a servi de boussole.

C’est oublier l’essor des concerts et spectacles, des musées et des écoles artistiques à travers le pays. Ses observations se font plus crédibles quand elle propose des assises du patrimoine ou un meilleur aménagement du territoire. Mais que n’a-t-elle entrepris ces chantiers ? Elle a enterré le rapport sur les dysfonctionnements de l’Opéra, dès qu’elle eut le sentiment qu’il pouvait déplaire à Emmanuel Macron. La flatterie du prince lui a servi de boussole. Elle n’a d’yeux que pour ses deux seules références, bien problématiques et engloutissant des centaines de millions d’euros, la Cité de la francophonie – surnageant en plein désert – et le gadget mercantile du « pass culture jeune ». Quant à ancrer un véritable apprentissage des arts à l’école, l’idée ne mérite pas une ligne. Si la ministre n’a pu s’engager dans les réformes, c’est qu’elle était assaillie par « l’écosystème agressif » des défenseurs du patrimoine, des artistes aigris et ingrats, dotés d’« un ego de même calibre que leurs demandes budgétaires », des « gens de gôche qui méprisent le peuple », des « assistés » du cinéma et des « plumitifs » des médias, qui n’avaient de cesse de lui « cracher dessus ». Elle use d’antiphrases et de prétéritions (Michel Guerrin, du Monde, parle d’« habileté fielleuse ») pour franchir les bornes de la décence. D’une artiste venue le corps maculé de rouge lors des César pour dénoncer la fermeture des lieux culturels, Bachelot ne peut s’empêcher de lâcher qu’elle avait « des fesses plutôt moches ». «Les Grosses Têtes» ne sont pas loin… Elle devrait relire les pages de Freud sur la dénégation et le transfert. À force de répéter le mot « méchant », elle trace d’elle-même un portrait peu flatteur. Et quand elle lâche : « Elle ressemble surtout à quelqu’un qui fait beaucoup de mamours au président pour redevenir ministre », on ne sait plus si elle parle d’une autre ou d’elle-même.

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