Remettant en lumière le rôle primordial de Rose Valland, une nouvelle biographie et une importante exposition apportent de nouveaux éléments. Un travail pleinement d’actualité.
Comment apprécier un bon tableau sans se soucier de sa provenance ? », écrivait Rose Valland (1898-1980) dans ses souvenirs en 1961, en légende d’une photographie montrant le maréchal Goering admirer, avec cigare et champagne, un tableau de Bruegel que lui propose un marchand collaborationniste… Nous sommes en décembre 1941 : ledit marchand, par un échange, obtiendra en contrepartie quatre toiles de Matisse, préalablement spoliées par les nazis à la collection du galeriste parisien juif Paul Rosenberg. Le cynisme, la violence et l’horreur des spoliations artistiques nazies perpétrées sous l’Occupation se trouvent résumés ici, sous ce trait de plume ironique de Rose Valland. En 1944, plus de 75 000 Juifs ont été déportés de France vers les camps d’extermination, et plus de 100 000 biens culturels privés, pillés et sortis du territoire national. En grande partie grâce à l’engagement sans faille de Rose Valland, plus de 60 000 biens cultuels spoliés seront récupérés et retourneront en France après 1945. Pourtant, qui se souvient encore de l’importance de son action de résistante ? À Paris, où elle œuvra, seuls à ce jour un passage bien caché aux limites du 17 e arrondissement,…
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