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Roger Raveel, une rétrospective

Publié le , par Virginie Huet

Qui aurait cru que l’horizon de Machelen-sur-Lys, bourgade sans histoire entre Courtrai et Gand, pouvait être scruté inlassablement ? Dans son village natal, le peintre flamand Roger Raveel mène une « terriblement belle vie », si belle qu’il n’a, à l’heure où tombent les frontières du vaste monde, jamais jugé bon de le...

Roger Raveel (1921-2013), Femme au miroir, 1953, collection de la Communauté flamande/Musée... Roger Raveel, une rétrospective
Roger Raveel (1921-2013), Femme au miroir, 1953, collection de la Communauté flamande/Musée Roger-Raveel.
© Raveel - MDM. Photo : Peter Claeys

Qui aurait cru que l’horizon de Machelen-sur-Lys, bourgade sans histoire entre Courtrai et Gand, pouvait être scruté inlassablement ? Dans son village natal, le peintre flamand Roger Raveel mène une « terriblement belle vie », si belle qu’il n’a, à l’heure où tombent les frontières du vaste monde, jamais jugé bon de le quitter. Cette sédentarité, doublée d’un esprit retors, explique sans doute le faible écho rencontré en dehors du plat pays par son art réaliste, abstrait et figuratif à la fois. C’est l’un des arguments avancés par la rétrospective marquant les cent ans de ce génie buté dont quelque 120 dessins, toiles et installations donnent un juste aperçu de la « nouvelle vision ». Certes, Raveel se contente de peu. Une poignée de motifs – son père, Zulma, sa muse, la table de sa cuisine, son jardin – et autant de couleurs franches – rouge, bleu, jaune, vert, gris – lui suffisent. Du « prologue » confrontant huit toiles débutantes à leurs répliques tardives, à l’« épilogue » faisant cas d’estampes produites, notamment pour les poètes Hugo Claus et Roland Jooris, son roman graphique creuse un même sillon. Pourtant Raveel s’aventure, comme nous l’apprend la seconde moitié du parcours : au mitan des années 1950, ses grands formats prennent un « bain dans la réalité de la nature » à la manière abstraite de Hartung ou de Twombly, et emploient le carré magique cher à Mondrian. Dans les années 1960, sous l’influence de Rauschenberg et de ses Combine Paintings, il greffe miroir, rideau, fenêtre, jusqu’au cadre de lit de mort de sa mère, à des objets hybrides annonçant ses mobiles – charrette à bras montée sur des roues de vélo – et manifestes monumentaux, flanqués de cages à tourterelles et canaris. Raveel bricole et veut sceller l’union de l’art et de la vie. Ce qu’il faisait avant, en mieux, dans ses autoportraits, scènes d’intérieur ou de plein air, peuplées d’anonymes à rayures.

Bozar, Palais des beaux-arts,
23, rue Ravenstein, Bruxelles, tél. 
: +32 507 82 00
Jusqu’au 21 juillet 2021.
www.bozar.be
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