Pour initier sa nouvelle saison estivale, la Venet Foundation propose au public d’expérimenter Voice, pièce emblématique créée en 1974 par l’artiste américain Robert Morris (1931-2018) et reproduite pour l’occasion à l’identique. Aux antipodes d’une exposition plus passive de quelques pièces minimalistes, ce dispositif sonore, constitué de quatre modules de deux volets chacun recouverts de feutre blanc et disposés dans l’espace, se veut immersif. Pendant environ trois heures trente, il diffuse des lectures de textes scientifiques, psychiatriques et de linguistes, en même temps ou les unes après les autres. La confusion résultant de ces superpositions sonores interroge le visiteur sur sa capacité d’écoute, le poussant à se concentrer sur ce qu’il croit percevoir. En déambulant d’un module à l’autre, quelque peu désorienté, celui-ci éprouve également un nouveau rapport à son propre corps et à l’environnement. Avec cette œuvre unique et enveloppante, Robert Morris démontre subtilement que le son possède une plasticité propre, au même titre que la matière, la forme et la couleur. Il est encore question de langage avec l’installation inédite de l’artiste conceptuel Lawrence Weiner (né en 1942), créée in situ en 2020 dans la galerie vitrée et visible depuis l’extérieur. Composée d’une succession de mots en français et anglais, celle-ci questionne la dématérialisation de l’œuvre. Enfin, après avoir découvert une autre facette du marchand d’art Enrico Navarra avec son travail d’éditeur, on ne quittera pas ce lieu paradisiaque sans arpenter le parc de sculptures, accueillant cette année un nouvel hôte de taille : Intersection (2012), œuvre monumentale en acier Corten d’Anish Kapoor (né en 1954), à mi-chemin entre sculpture et architecture, aborde le thème de l’enfermement et de l’obscurité. Une promenade où l’art minimal, les œuvres de Bernar Venet et la nature s’entendent à merveille.