Le parcours de Cyprien Godebski (1835-1909) résonne avec celui de beaucoup d’artistes et poètes polonais du XIXe siècle. Né dans le Cher d’une famille d’intellectuels originaire de Pologne, il choisit de venir étudier à Paris puis travaille à Vienne, avant d’être appelé en Russie en 1870, pour diriger l’Académie des beaux-arts. Il y sera au plus près de la cour impériale, restaurant les sculptures du palais du prince Youssoupov et sculptant les portraits du tsar Alexandre II et de sa famille. Pourtant, malgré ces faveurs et dans des conditions semble-t-il rocambolesques, sa fille de deux ans la future égérie Misia Sert dans ses bagages, il retraversera l’Europe pour rentrer en France. Daté 1876, ce buste, vraisemblablement celui de Cyprian Kamil Norwid (1821-1883), remonte à ce retour. Poète et penseur polonais lui aussi, celui-ci vit à Paris depuis 1849 la capitale française est dans la seconde moitié du XIXe siècle une terre d’élection. Il y mène une vie de bohème et de misère, son esprit novateur et sa connaissance de la philosophie n’étant pas compris de ses contemporains. L’artiste fixe les traits d’un homme tourmenté, tourné vers ses pensées et arborant fièrement une croix orthodoxe rehaussée d’or, qui émerge d’une chemise traitée en polychromie. L’ensemble est assez saisissant. Il prend le chemin de la Pologne pour 38 300 € et signe un deuxième meilleur prix international pour l’artiste (source : Artnet).