Reine Anne, ne vois-tu rien venir ?

La numismatique assurait le lever de rideau d’une vente consacrée ensuite aux boîtes en or (voir page 128) et à l’orfèvrerie française comme étrangère, se concluant sur un produit total de 289 449 €. Monnaies et médailles provenaient de la collection d’un amateur. Parmi les secondes, l’une se démarquait tout particulièrement : celle présentant les bustes de profil de Louis XII (roi de France de 1498 à 1515) et d’Anne de Bretagne (1477-1514). L’original est frappé en 1499 à Lyon, soit un an après le décès du précédent roi et mari d’Anne, Charles VIII. Sur un semis de fleurs de lys pour lui et d’hermine pour elle ceci marquant l’apport de la province de Bretagne par le mariage , les nouveaux royaux époux sont fixés pour l’éternité. Cet exemplaire leur rendait un hommage de 11 780 €. La souveraine appartient à la longue lignée de celles ayant marqué l’histoire de France, politiquement bien sûr, mais aussi sur le plan artistique. La légende en latin indiquant : «Quand la République de Lyon se réjouissait du second règne de la bonne reine Anne, je fus ainsi fondue» est des plus justifiées. Anne de Bretagne introduisit le goût italien à la cour ; mécène, elle permit également par ses commandes la diffusion d’œuvres et de techniques prisées à l’étranger, dont les médailles. Celles-ci ont une vertu supplémentaire : elles sont irremplaçables pour la connaissance des visages véritables à une époque où le portrait peint, bientôt voué à une prodigieuse destinée, n’en était qu’à ses premières fulgurances.