Né à Padoue, le peintre Pietro Liberi s’illustre dans la Venise de l’ère baroque. Ayant reçu l’enseignement de son compatriote Alessandro Varotari (1588-1648), il laisse nombre d’œuvres encore sous l’influence de la Renaissance tardive. Il connaît aussi très bien les grands maîtres du siècle passé, Michel-Ange en tête, qu’il a pu étudier lors d’un séjour de jeunesse à Rome, ou encore Corrège, à Parme. Cependant, c’est un peintre de son temps, à l’aise dans de vastes compositions complexes et tourbillonnantes ; on lui accorde d’ailleurs une grande liberté d’exécution et de sujet, en particulier dans ses dessins, ce qui lui aurait valu son surnom de Libertino, que d’aucuns attribuent plutôt à une vie de… libertin. Quoi qu’il en soit, il donnera toute la mesure de son art dans ses importantes décorations d’églises, comme L’Invention de la Croix à San Moisè, dans la Sérénissime, sans doute l’une de ses plus belles toiles, ou encore Venise implorant saint Antoine à Santa Maria de la Salute. Dans ses tableaux à usage privé, surtout ceux faisant référence à la mythologie et à l’Antiquité, il semble se souvenir de ses aînés, tel Giorgione. À Nice, samedi 11 février, on a pu le constater, à l’examen d’une peinture magistrale narrant une Scène mythologique avec Mercure, Apollon et Minerve. Cette compétition entre divinités sous le regard inquiet de la déesse de la Guerre et de la Sagesse, sert de prétexte à une représentation virtuose de corps musculeux, s’inscrivant dans une savante spirale. L’épisode baroque déclenchait à son tour une rixe, qui se clôturait par une enchère à 29 900 €. On pouvait se consoler avec une autre toile, un Portrait d’officier révolutionnaire, peint à huile sur carton en 1792, comme l’indiquait une annotation au dos, décrochée pour 4 550 €. Quant aux arts décoratifs, il se signalaient par une paire d’encoignures en bois noirci et marqueté style Boulle à motifs de putti faisant de la balançoire, un beau travail du XIXe siècle, récompensé de 4 940 €.