Pas un centimètre carré qui ne soit décoré sur ce coffre namban en bois laqué décoré en hiramaki-e de volatiles, d’animaux et d’un char de mariage, tout droit venu du Japon.
Cet objet sera-t-il disputé au-delà de son estimation ? S’il souffre de lacunes de laque et de nacre, de fentes et d’usures, ce modèle est bien rare, surtout de cette taille et aussi richement orné. Un coffre similaire, dont la serrure est également armoriée, est conservé au musée d’Ennery, avenue Foch, à Paris. Son nom vient de namban-jin, «barbares du Sud». Comprenez les populations d’Asie du Sud et du Sud-Est, mais surtout les Européens arrivant en bateau du Portugal, puis d’Espagne, des Pays-Bas et d’Angleterre. Ces ouvrages sont en effet destinés à l’exportation, de l’arrivée de ces premiers étrangers aux manières jugées rustiques, en 1543, à leur expulsion en 1640, lors de la promulgation des lois isolationnistes. Premiers à établir des relations commerciales au pays du Soleil-Levant, les Portugais implantent des missions catholiques, échangent vêtements, verreries, vins, porcelaines chinoises… contre de l’argent, mais aussi des objets en laque considérés comme élégants et exotiques. Si les formes et les types de meubles demeurent européens souvent des cabinets ou des coffres , les décors peints en laque or et argent, sur un fond plat ou en relief, et incrustés de nacre, sont souvent luxuriants, différant des motifs sobres en vogue au Japon. On comprend que ce pays considéré comme immensément riche, et déjà très peuplé, ait fasciné les visiteurs de la Renaissance.