Par son fond d’or et son parti pris décoratif, ce tableau se démarque dans l’œuvre d’Henri Pontoy, nous rappelant son voyage en Guinée, en compagnie de Jacques Majorelle.
Henri Pontoy et Jacques Majorelle étaient faits pour se rencontrer. Les deux hommes avaient en effet bien des points communs : l’un natif de Reims, l’autre de Nancy, tous deux issus de familles d’artistes, l’un de musiciens et l’autre de peintres. Et pourtant, ce n’est pas en France mais bien en Afrique qu’ils se sont connus. Après être passé par l’École des beaux-arts de Paris puis par Barbizon — où il s’initie à la peinture de plein air —, Henri Pontoy commence à exposer dans les salons parisiens quand une bourse de la Société coloniale des artistes français lui permet de se rendre en 1926 en Tunisie, en Algérie puis au Maroc. Il décide de s’installer à Fès, devenant professeur des arts et lettres au lycée Moulay-Idriss. Tout comme Majorelle, installé depuis 1917 à Marrakech, il va devenir l’un de ces peintres orientalistes vivant au plus près des populations, connaissant leurs coutumes, pour les décrire avec réalisme. Les voyages de Pontoy l’amènent à parcourir la Tunisie, l’Afrique-Occidentale française, et dans les années 1930 la vallée de Ouarzazate, où il rencontre alors Majorelle. C’est en sa compagnie qu’il se rend en Guinée en 1947, visitant en particulier une région très boisée... Peints vers 1950, ces Singes du Fouta-Djallon sont ainsi un souvenir de ce périple, mais aussi sans doute de son compagnon, qui depuis plusieurs années déjà prise les compositions à fond d’or poudré. Ainsi, dans ce tableau provenant d’une collection particulière et acquis au Maroc dans les années 1970 par le notaire du roi Hassan II, Pontoy se détache de plus habituelles teintes claires et chaudes, pour rendre la lumière du Fouta-Djallon par un fond d’or et sa végétation par des couleurs soutenues. Abandonnant les vues rapprochées de scènes quotidiennes, il opte pour une composition décentrée, où l’on observe de loin un village fait de cases aux toits de paille en surplomb, comme si l’on se plaçait du point de vue du babouin et de ces trois chimpanzés nichés dans un papayer. Une œuvre décorative et éminemment moderne, qui montre sous un nouveau jour le talent d’Henri Pontoy.