Ce tableau de Raden Saleh inédit sur le marché a connu un curieux parcours : non signé, il fut laissé en gage par le peintre à un bijoutier parisien.
L’artiste a beau travailler, les dettes s’accumulent pour financer sa vie mondaine et ses voyages. Lors de son séjour dans la capitale entre 1845 et 1848, Raden Saleh laisse donc ce Jeune cerf en dépôt chez Alexandre Laisné (1787-1864), rue Godot-de-Mauroy. Un siècle et demi plus tard, il est conservé dans cette même famille française et constitue donc une redécouverte. C’est aussi un bel exemple du talent de cet artiste animalier. Né en Indonésie, les Indes néerlandaises d’alors, Saleh émigre aux Pays-Bas, où il fait son apprentissage de peintre. Il connaît le succès durant une vingtaine d’années auprès de certaines cours européennes, avant de revenir dans son pays natal. Ses sujets les plus prisés ? De grandes scènes influencées de celles d’Horace Vernet et d’Eugène Delacroix, où des chasseurs orientaux tentent de maîtriser des bêtes féroces. Les cervidés ont souvent peu de chance d’échapper aux chasseurs armés et lancés au galop. Raden Saleh livre de beaux morceaux de peinture, tant pour la restitution de la morphologie de l’animal, le soin extrême de l’exécution ici, un rendu de pelage quasiment illusionniste , que pour la sensibilité romantique. Le jeune cervidé est représenté à l’arrêt ; il vient d’entendre un bruit. L’expression de son regard autant que la tension musculaire indiquent sa méfiance et présagent de sa fuite. Le 27 janvier 2018 était adjugée, pour 8,9 M€, une grande Chasse au taureau sauvage de Raden Saleh. Un bon présage pour notre toile.