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Pierre Rosenberg, collectionneur

Publié le , par Carole Blumenfeld

Les collections du grand historien d'art, qu'il vient d'offrir au département des Hauts-de-Seine au profit du musée du Grand Siècle à Saint-Cloud, demeurent aussi secrètes que surprenantes. Mais le collectionneur lève un coin du voile...

Pierre Rosenberg chez lui à Paris, dans son bureau.  Pierre Rosenberg, collectionneur
Pierre Rosenberg chez lui à Paris, dans son bureau.
Dès lors qu’il parle à la première personne du singulier, Pierre Rosenberg évoque « le phénomène de la collection, ce vice impuni comme Valery Larbaud le disait de la lecture », avec pudeur et désinvolture. Car, depuis sa plus tendre enfance, le président-directeur honoraire du musée du Louvre collectionne et, s’il ne possède plus sa collection de plumes d’oiseaux, celles de billes et de timbres se trouvent aujourd’hui encore chez lui, rue de Vaugirard, à Paris. « Je n’y avais jamais songé, mais, comme vous le savez, les billes sont pour la plupart en verre. Y aurait-il un lien entre ma collection de billes et mes animaux de verre de Venise  ? Je ne sais pas. » Il y a aussi les collections qu’il a très vite délaissées, comme celle des oiseaux morts empaillés. « Quand je suis entré au Louvre, ce n’était pas bien vu de collectionner, mais on s’apercevait très vite que cela ne tenait pas. » Et de citer la longue liste des conservateurs donateurs des musées français, ou encore les exemples de Michel Laclotte, son prédécesseur à la tête du Louvre, et de ses cadets Jacques Foucart, Arnauld Brejon de Lavergnée, Jean-Pierre Cuzin ou son ami Antoine Schnapper, qui enseignait à Paris-IV. « Je raconte souvent l’anecdote d’un grand pastel de Carrier-Belleuse que Jacques Foucart avait acheté à Drouot, mais pour lequel il n’avait pas les moyens de payer le transport. Par conséquent, il avait transporté sur son dos cette femme nue dans tout Paris. Évidemment cela avait assez amusé les foules. » Balayant les critiques qui pointeraient du doigt un éventuel conflit d’intérêts entre la fonction qu’ils occupent et les musées qu’ils servent, Pierre Rosenberg regrette, au contraire, que peu de jeunes conservateurs, à sa connaissance, aient suivi ce chemin, alors qu’ils ont pour eux l’avantage d’une compétence et d’un goût  : deviner ce qui pourra être à la mode dans les années qui viennent. « Je crois que, pour un historien de l’art, collectionner est une nécessité. On peut se tromper, et je me suis trompé, c’est-à-dire en perdant un peu d’argent ou en croyant à un peintre qui s’est révélé ne pas être l’artiste espéré. Il y a ainsi une part de risque financier et même…
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