Deux jades sculptés venus de Chine après les guerres de l’Opium faisaient grand bruit.
Rapportées par le capitaine Joachim Léonce Bassery, du 10e régiment d’infanterie, après sa campagne de la seconde guerre de l’Opium en 1860, deux pièces chinoises de la dynastie Qing, sculptées dans un jade céladon à plages rouille, surprenaient en obtenant pour l’une 177 800 € et pour l’autre, un ornement de coiffe ou pommeau de sceptre (h. 8, l. 7 cm), 64 770 €. L’enchère la plus élevée était déposée auprès d’un rocher de lettré (reproduit ci-contre), l’une de ces pierres naturelles ou sculptées appréciées des intellectuels chinois pour leurs cabinets et s’offrant à leur méditation. Celles-ci ont des formes étranges, toujours irrégulières, percées de trous, déchiquetées, creusées de rides, de plis, semblant jaillir dans plusieurs directions. Sous le règne des Ming (1368-1644) en particulier, on réalise pour elles de petits socles en bois sombre, aux courbes d’une grande élégance et dont la forme épouse parfois la leur. La pratique est ancienne et connue déjà sous les Tang (618-907) : auparavant, ces rochers agrémentaient surtout des lieux de promenade ou des pièces d’eau. Ceci explique sans doute ce décor constitué de personnages dans un jardin et de biches, comme une réminiscence des époques anciennes. La contemplation de ce paysage réduit permettait de s’évader hors du temps et dans un monde de rêve. On comprend que la fascination perdure…