Deux journées étaient nécessaires pour disperser la collection d’art populaire de Pierre Bellemare, riche de curiosités et de quelques pépites.
L’art populaire est l’un de ceux qui savent encore susciter interrogation et émerveillement. Pierre Bellemare (1929-2018), cette figure et cette voix du paysage audiovisuel français, le savait bien, lui qui consacra des années à cueillir au gré de ses pérégrinations ses fruits féconds. À voir la profusion de pièces réunies, on comprend que sa curiosité était sans limite et combien il devait se réjouir à dénicher ces trésors du quotidien. Un bouquet de Saint-Éloi datant du temps où le maréchal-ferrant mettait en évidence son savoir-faire en enseigne s’accrochait à 2 990 €, une clef à lanterne en fer forgé il s’agit d’un travail de maîtrise d’époque Louis XV tournait à 14 950 € et deux boîtes délivraient leur sel à 4 160 €. Celles-ci figurent chacune une poule, ont été sculptées dans le noyer en Haute Maurienne au début du XXe siècle et corroborent les propos de Paul Dufournet dans L’Art populaire en Savoie (Christine Bonneton éditeur, 1981) : «C’est à Bessans qu’on trouvait naguère les plus belles salières, en forme de gallinacé». Un détour par la Scandinavie menait ensuite vers un atelier de Norvège et la conception de deux très originales paires de cuillers en bouleau reliées par une chaîne, adoptées à 6 760 et 4 160 €. Quant à un exceptionnel renvidoir à compte-tours en merisier exécuté en Allemagne du Sud au XVIIIe siècle, un instrument qui permettait de mesurer la longueur du fil et l’importance de l’écheveau, il s’enroulait à 13 000 €. Chacun de ces souvenirs raconte à sa manière un instant du passé : c’est cette poésie qui les fait renaître beaux et uniques à l’heure du tout numérique. Avant l’art populaire, Pierre Bellemare avait été passionné par les objets de marine. De cet ensemble, vendu en 2000 chez Poulain-Le Fur, il subsistait une maquette du trois-ponts le London, vaisseau armé de cent canons. Cette fois, ces derniers tiraient 11 050 €.