En mettant en image les écrits du naturaliste, le peintre a posé un nouveau regard sur une œuvre intemporelle.
Les artistes étaient à l’honneur de cette dispersion Aristophil. Picasso en prenait la tête, à 164 281 €, sur une estimation haute de 30 000 €, grâce à des gravures destinées à illustrer l’Histoire naturelle de Buffon. Ambroise Vollard lui avait commandé ces planches, qu’il réalisa en 1936 en employant l’aquatinte au sucre, apprise deux ans plus tôt auprès du graveur et imprimeur Roger Lacourière. Grâce à cette technique de taille-douce, il put travailler avec spontanéité et légèreté, son pinceau enduit de mélasse lui permettant de dessiner directement sur la plaque. L’éditeur d’art étant brutalement décédé en 1939, ces 31 gravures ne furent publiées dans leur intégralité qu’en 1942, grâce à son successeur, Martin Fabiani. Il s’agit ici de leur premier tirage – limité à 226 exemplaires –, l’un des 135 sur vélin de Vidalon. Il avait été offert par Picasso à son ami peintre André Marchand, avec une dédicace et deux dessins supplémentaires à l’encre de Chine, à la plume et au pinceau, rehaussés de lavis d’encre noire : un pied de tomate en pot et deux profils de chevaux. Eugène Delacroix était également remarqué, à hauteur de 93 600 €, pour son carnet de dessins inédit. Il contient 37 paysages, la plupart annotés et datés, exécutés à Plombières, Augerville et Champrosay, entre 1857 et 1818 (voir l'article Gravures symbolistes et dessins de Delacroix de la Gazette n° 32, page 76). Le souvenir de Camille Pissarro était évoqué, moyennant 52 000 €, par une lettre de neuf pages agrémentée d’un dessin à la plume, adressée à Paul Gauguin en 1885. Son auteur y fait la chronique de la vie artistique parisienne, et dispense ses conseils à celui qui fut son élève avant de devenir son ami. Vassily Kandinsky a lui aussi partagé ses réflexions esthétiques, assorties de cinq croquis, dans sa correspondance avec Andreï Andreïevitch Pappe, en 1900. 42 900 € étaient nécessaires pour se plonger dans ces lignes, écrites en russe. La collection de la revue L’Image était quant à elle retirée de la vente (voir Gazette n° 32, page 76).