En forme de clavecin… cette formule correspond à une époque de transition, celle où le piano carré du XVIIIe siècle, joué dans les cercles aristocratiques, s’efface progressivement au profit de la forme triangulaire qu’on lui connaît aujourd’hui. Cet allongement de la caisse, semble-t-il initié par la maison Erard dès le début des années 1790, permet de gagner en puissance et de jouer dans des salles de concert. Seule une douzaine d’instruments de ce type, fabriqués entre 1801 et 1809, existe encore aujourd’hui. L’un d’eux est conservé à la Cité de la musique, à Paris. On peut lui rapprocher cet exemplaire, emporté par un collectionneur. Outre sa rareté, il est bien conservé, n’ayant jamais quitté le salon pour lequel il avait été livré. L’époque est alors aux danses de salon, accompagnées de manière enlevée : une clochette et un tambourin sont associés au piano. Selon la force appliquée sur leurs pédales, on obtient des effets variés qui s’unissent harmonieusement aux sons des touches. Le système plaît, et les facteurs cherchent à l’adapter aux divers besoins de leurs clients. Pleyel dépose ainsi, en 1810, un brevet pour un «piano à tambourin», conservant les dimensions ordinaires du piano-forte, destiné à «l’exécution des airs de danse, marches militaires et autres morceaux de ce genre». L’usage changera la donne, l’instrument devenant peu à peu l’acteur phare des concerts. Le terme «piano à queue», apparu au début du XIXe siècle, restera dès lors le seul en usage.