Sage Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), qui revendiquait le droit de faire d’un tableau une chose «aimable, joyeuse et jolie». Ces trois qualités se trouvaient réunies dans une Nature morte, fleurs, oranges et citrons de l’artiste (reproduite ci-dessus). Si sa date d’exécution n’est pas mentionnée, on sait qu’elle fut acquise en 1898 par Paul Durand-Ruel, le grand marchand qui avait offert à son auteur une importante rétrospective en 1892. La toile partait égayer un nouvel intérieur pour 1 046 500 €. Elle dépendait de la succession de Mme de B., comme plusieurs autres pépites. C’était le cas d’un petit Paysage de Normandie (21 x 32,5 cm) de 1894 du même maître (145 390 €), d’une vue de la Forêt de Fontainebleau de Camille Corot (1796-1876) à l’huile sur papier (66 892 €), de La Lecture dans le parc (31,5 x 24 cm) de Kees Van Dongen (1879-1968), un instant suspendu à 54 096 €… mais aussi d’une scène de Chasse à courre, saisie vers 1881 par Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) et stoppée à 56 672 € (voir Gazette no 10 du 15 mars, page 19).
Grande décoration
Mme de B. avait décidément un goût sûr. Outre ses peintures, elle possédait quelques très belles pièces de mobilier et de grande décoration, dont les estimations se sont littéralement envolées pour rejoindre des sommets. 257 530 € s’inclinaient devant un bureau plat en placage d’ébène et de poirier noirci attribué à Noël Gérard, un maître à l’œuvre sous la Régence, et 245 070 € pour un mobilier de salon en hêtre naturel sculpté de la même époque : un ensemble pour lequel l’expert Simon Étienne s’enthousiasmait (voir l’Événement de la Gazette no 10 du 15 mars, page 14), précisant n’avoir que «rarement vu un mobilier avec une sculpture aussi incisive, aussi précise et avec autant de caractère». Il avait raison ! La bataille prenait ensuite la direction de deux réductions en bronze d’époque, d’après les marbres réalisés en 1698 par Antoine Coysevox (1640-1720) pour orner le bassin de l’Abreuvoir du parc de Marly. Ces deux sculptures, intitulées ensemble La Renommée du Roi (voir détail de l’une page de droite), exprimaient leur victoire à 448 168 €. Mme C. avait quant à elle fait le choix de Camille Claudel. Une édition en bronze de L’Implorante, exécutée à la demande d’Eugène Blot pour son exposition de l’œuvre de la sculptrice en 1905, partait à 226 380 €. Quant aux Fleurs de Paris, titre du panneau du Catalan Hermenegildo Anglada-Camarasa (voir page 75 de la Gazette no 11 du 22 mars), c’est 276 220 € qu’il fallait déposer pour les cueillir.