Gazette Drouot logo print

Paris Déco Off, une partition haute en couleur

Publié le , par Stéphanie Pioda

Paris Déco Off s’est imposé comme le rendez-vous international du monde de la décoration, réunissant pour cette neuvième édition cent quinze maisons, sans oublier la note marteau de Drouot.

Gainsborough, collection Sir John Soane Paris Déco Off, une partition haute en couleur
Gainsborough, collection Sir John Soane
© Gainsborough

Fini les intérieurs zens aux gammes neutres, certes très élégants, et plein feu sur la couleur ! Tel est le mot d’ordre de cette neuvième édition de Paris Déco Off, dont le thème le martèle : «La couleur vous fait du bien !» La multiplication des études sur les incidences du spectre lumineux sur notre humeur ne le dément pas, tout comme le professe Jean-Gabriel Causse, auteur de L’Étonnant Pouvoir des couleurs, qui animera une conférence le 20 janvier prochain autour de ce thème, avec des professionnels de la mode, de la beauté et de l’art de vivre. Un élément de plus à la dynamique de Paris Déco Off et à son succès, qui, au regard des chiffres, se confirme au fil des éditions : cent quinze maisons y participent en 2018, contre cent dix en 2017, et trente-huit pop-up stores pour les éditeurs étrangers, contre trente l’année dernière. Rappelons que parmi les 38 000 visiteurs de la précédente édition, 60 % étaient étrangers. «Paris Déco Off est un des événements les plus importants au monde pour l’industrie textile, où nous présentons et promouvons les nouvelles collections. Visité par les designers et les architectes d’intérieur du monde entier, il a lieu en même temps que Maison & Objets», pointe Hang Pham, de Fortuny, la maison vénitienne de retour en janvier après une pause de quelques années. «Nous mettons en scène nos collections dans nos show-rooms et nous pouvons nous occuper de façon privilégiée de nos clients à ce moment clé, qui correspond au lancement des collections», poursuit Pierre Frey. Pendant cinq jours, grand public et professionnels sillonnent les deux centres névralgiques, rive gauche et rive droite ; pour la première autour de la place de Furstenberg, dans le VIe arrondissement, et autour de l’incontournable rue du Mail, dans le IIe arrondissement, à deux pas de l’hôtel Drouot qui est de nouveau partenaire. L’institution si souvent fréquentée par l’architecte d’intérieur Tristan Auer (voir Interview page 12), expose notamment, en salle 9, les œuvres réalisées par vingt et un étudiants d’écoles d’art en compétition. La consigne ? Revisiter l’assise par la couleur et ce, «en utilisant des matières ou des tissus provenant des maisons participantes à Paris Déco Off 2018», pointe Carole Locatelli, co-organisatrice de l’événement avec Hugues Charuit. Ce dernier poursuit : «La réalisation de chaque œuvre sélectionnée se fera en équipe, avec l’étudiant et un tapissier indépendant ou issu des Compagnons du devoir.» Le lauréat sera désigné le vendredi 19 janvier. Nouveauté cette année, toujours à Drouot : une vingtaine d’éditeurs ont confié à Thierry de Maigret un objet unique issu de leurs collections  édité en série limitée (fauteuil, coussin, tête de lit, lé de tissu) ou projet , qui sera adjugé dans le cadre d’une vente caritative. Les fonds recueillis seront entièrement reversés à la Fondation pour la recherche sur Alzheimer, «la plus fréquente des maladies neurodégénératives, touchant environ 36 millions de personnes dans le monde et 900 000 Français en 2015», peut-on lire sur le site Internet de l’association. Juste avant la vente sera remis le prix récompensant les plus belles vitrines  écrins magnifiant les collections , par un jury présidé par Chantal Thomass. Les élus de 2017 étaient la Maison Lelièvre, pour la rive droite, et Karin Sajo pour la rive gauche.
 

Houlès, collection «Indiana»
Houlès, collection «Indiana»© Houlès


La couleur au service de l’exotisme
Si la couleur est le maître-mot de cette édition, c’est en écho à une tendance de fond qui se manifeste chez les éditeurs et les décorateurs, jouant de plus en plus cette carte : Clarke & Clarke crée ainsi de véritables morceaux de bravoure, en collaboration avec l’artiste Emma J. Shipley : Animalia met en vedette une sublime ménagerie composée de tissus coordonnés et de papiers peints où se croisent des perroquets tropicaux, des singes ou des tigres féroces, tous délicatement dessinés à la main. Pierre Frey a cédé à un désir qu’il nourrit depuis plusieurs années de créer une collection autour des Amérindiens, aussi bien du côté des tissus (Araphos) que des papiers peints (Grand Canyon). Tassinari & Chatel réédite des pièces du fonds d’archives, de plus de trois cents ans, évoquant la cour du Siam ou reprenant un dessin, dit «à la dentelle», au décor de fleurs et de fruits stylisés inspiré de l’habillement. Lelièvre rend hommage au cachemire iranien et aux grands motifs français, tout en lançant une collection thématique autour du voyage avec Jean Paul Gaultier. Côté franges et pompons, Samuel & Sons joue la légèreté avec Cirque, des rideaux et des coussins pour une chambre d’enfant. Le papier peint, qui revient en force, est perçu de plus en plus comme une solution pour introduire de la couleur sur un seul mur, qu’il est facile de changer, permettant des propositions parfois délirantes, comme chez Elitis ou Arte. «Ce secteur représente 30 % des ventes aujourd’hui», analyse Carole Locatelli. Certaines participantes profiteront de Paris Déco Off pour fêter leur anniversaire : Elitis souffle ses trente bougies avec une installation éphémère réalisée par la scénographe Elizabeth Leriche, Osborne & Little, ses cinquante printemps, et Karvet son centenaire. Maisons iconiques et plus jeunes sont bien décidées à surprendre et à donner le ton. Un gage d’excellence.

 

Élitis, commode Coup de foudre, structure extérieure et trois tiroirs gainés de fourrure savane, intérieur des tiroirs, dos et dessous gainés de lin,
Élitis, commode Coup de foudre, structure extérieure et trois tiroirs gainés de fourrure savane, intérieur des tiroirs, dos et dessous gainés de lin, poignées et piètement en bronze massif noirci et sculpté, systèmes de coulisses à ouverture totale et de retour automatique, 180 x 50 x 82 cm. Don de la maison Élitis pour la vente aux enchères au profit de la Fondation pour la recherche sur Alzheimer.
3 QUESTIONS À
Tristan Auer
 
Tristan Auer
Tristan Auer© Olivier Amsellem


Drouot est partenaire de Paris Déco Off. De quelle manière percevez-vous ce lien ?
Je suis fan de Drouot, où je me rends deux à trois fois par semaine. Il s’agit d’un bon exercice intellectuel offrant la possibilité de «scanner» des milliers d’objets, une véritable source d’inspiration et une manière de se confronter à d’autres idées de designers. Le président de Drouot, Alexandre Giquello, m’accompagne régulièrement et m’enseigne beaucoup.

En juillet dernier, a été dévoilé le nouveau décor de l’hôtel de Crillon dont vous êtes l’un des auteurs. De quelle manière avez-vous travaillé avec les éditeurs ?
Nous avons réalisé beaucoup de tissus sur mesure et j’ai dessiné 95 % des meubles pour créer un décor unique, car les gens abordant un tel palace doivent le comprendre en opposition aux autres. J’ai travaillé de telle manière que tous les grands éditeurs soient présents de façon équitable, et je suis assez fier que le Crillon soit un des rares palaces restaurés avec 90 % d’entreprises françaises.

Vous dites que vous créez un projet avant tout à partir d’une palette sensorielle et que vous vous intéressez plus au sensoriel qu’à l’esthétique…
Oui, il m’arrive de présenter certains projets par le toucher à mes clients, pour faire ressentir. Je travaille dans le même état d’esprit lorsque je réalise des intérieurs de voitures pour ma marque Car Tayloring. Dans un intérieur de portière par exemple, je mets des tissus en cachemire, produits par Pierre Frey, qu’on ne voit pas forcément. Mais c’est en plongeant les mains dedans pour prendre ses lunettes de soleil qu’on les ressent. Tout cela est lié à un certain art de vivre et à une idée du luxe.
Pierre Frey, papier peint collection «Grand Canyon»
Pierre Frey, papier peint collection «Grand Canyon»© Pierre Frey


À savoir
Paris Déco Off Du jeudi 18 au lundi 22 janvier Rive droite, rive gauche Conférence samedi 20 janvier, par Jean-Gabriel Causse, à l’hôtel de l’Industrie, Paris VIe.
www.paris-deco-off.com
Gazette Drouot
Bienvenue, La Gazette Drouot vous offre 2 articles.
Il vous reste 1 article(s) à lire.
Je m'abonne