Parcours des mondes 2017

Notre numéro estival du 21 juillet détaillait en avant-première les ambitions de cette édition et de son président d’honneur, Javier Peres : faire une nouvelle fois de la grand-messe de l’art tribal un rendez-vous incontournable, en présentant des pièces exceptionnelles et en ouvrant plus largement encore ses frontières géographiques et temporelles. Aux exposants tout d’abord. Si les Français restent majoritaires  vingt-quatre cette année , les Belges, les Américains, les Espagnols, les Anglais, les Italiens, mais aussi un Australien, un Canadien et un Marocain les ont rejoints pour représenter toutes les forces vives des arts extra-européens. Un véritable métissage ! Pour une ouverture aux cultures et à l’avenir, surtout.
Une vague prometteuse
L’Afrique demeure la vedette du show, avec la présence des incontournables tribus productrices des plus spectaculaires artefacts. Toutefois, si depuis 2015 elle devait accepter de partager l’affiche avec l’Asie et l’archéologie, elle doit désormais également s’ouvrir à l’art contemporain car, à l’instar de Javier Peres, les amateurs sont nombreux à associer avec ferveur artistes d’aujourd’hui et objets d’ailleurs dans leurs collections. Ils marchent en cela dans les traces des premiers découvreurs, ainsi que le rappelle Charles-Wesley Hourdé avec une sélection d’objets évoquant les affinités entre le génie de Picasso et les arts premiers. Surfant sur cette vague prometteuse, Didier Claes, présent avec une sélection de peignes de Côte d’Ivoire, a investi au printemps dernier un nouvel espace à Bruxelles dans le quartier de l’avenue Louise, dévolu à l’art contemporain depuis quelques années déjà, choisissant de quitter le Sablon pourtant historiquement associé à l’Afrique. Bernard de Grunne fait le même pari. En juin, il a exposé à New York de spectaculaires statues fang, chez Almine Rech, aux côtés d’œuvres de Mark Grotjahn. Il propose ici un ensemble de sièges hemba à caryatide debout, puissants symboles de la royauté, dont l’un affiche pour pedigree les noms des galeries Percier et Charles Ratton, dans les années 1930 (voir photo page de droite). Beaucoup le constatent : le collectionneur traditionnel grand connaisseur des cultures est en voie d’extinction. Il faut donc aller vers une nouvelle génération plus «tendance», même si certains regrettent déjà cette évolution. Et puis, l’association à l’art contemporain invite à découvrir les formidables viviers créatifs que constituent les continents africain et océanien. Alors que la galerie Schoffel de Fabry réunit dans un retour aux sources mâtiné de symbolisme les yoruba du Nigeria et les œuvres perlées d’Yveline Tropéa, née à Ouagadougou, chez Vallois on regarde volontairement vers l’avenir avec des créations d’Edwige Aplogan et de Charly d’Almeida, deux plasticiens béninois. Rappelons pour lui rendre justice que le musée Dapper, qui a hélas définitivement fermé ses portes le 18 juin dernier, a été l’un des premiers à mettre en valeur la richesse contemporaine de l’Afrique. Enfin, du côté des aborigènes, véritables passeurs entre hier et demain,on découvrira chez Aboriginal Signature le travail lauréat du prix d’excellence du Telstra 2016, au musée national de Darwin, ainsi que les nouveaux travaux des artistes fétiches de Stéphane Jacob. «ExtraExtraordinaire» ! Le titre de la présentation proposée par Alain Bovis ne pouvait être plus en phase avec ce 16e parcours. Un monde à lui tout seul, à arpenter à partir de mardi prochain.