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Objectif Lune

Publié le , par Sylvain Alliod
Vente le 10 novembre 2011 - 14:00 (CET) - 3, rue Rossini - 75009 Paris

Pionnier de l’autochrome, Léon Gimpel n’a pas seulement donné des couleurs à la photographie, il lui a aussi attribué du relief. À la découverte de l’anaglyphe.

Léon Gimpel (1873-1948), La Lune. Anaglyphe obtenu d’après les négatifs E. Touchet... Objectif Lune

Léon Gimpel (1873-1948), La Lune. Anaglyphe obtenu d’après les négatifs E. Touchet par le procédé Tauleigne-Mazo, mars 1920, plaque autochrome, 9 x 12 cm.
Adjugé 10 000 € au marteau

Difficile d’ignorer que Tintin est désormais en 3D sur grand écran... Steven Spielberg n’a néanmoins pas choisi une aventure spatiale du reporter, qui, dès le début des années 1950, s’envolait vers la Lune. Cette dernière a pourtant elle aussi fait l’objet d’expérimentations tridimensionnelles - bien avant notre héros. En 1924, Léon Gimpel et Émile Touchet dévoilent en effet un procédé de projection en relief utilisant des clichés stéréoscopiques, appareil par la suite commercialisé par la société Gaumont. L’année précédente, Gimpel avait réalisé des images anaglyphes – du grec anagluphos, «sculpté en relief» – à partir de prises de vue de l’Observatoire de Paris ; huit d’entre-elles paraissent le 28 juin 1924 dans L’Illustration, accompagnées d’un lorgnon bicolore. Avant d’en arriver là, entre 1894 et 1909, les astronomes Pierre Puiseux et Maurice Loewy braquent leur objectif sur la Lune, réalisant plus de six mille clichés. Photographier l’astre n’est pas une mince affaire ! Sa faible luminosité nécessite un temps de pose important, alors même qu’il progresse à une vitesse variable... Aux grands maux, les grands remèdes. Mis en service en 1881, à l’initiative de Loewy, le grand équatorial est un monumental engin de seize tonnes, sa lunette ne mesurant pas moins de dix-huit mètres de long. Mais il permet une observation plus précise et confortable du ciel, et possède l’avantage de pouvoir être accouplé à une chambre photographique dont le châssis suit la progression de la Lune, grâce à un mouvement d’horlogerie réglé en fonction de savants calculs...

Léon Gimpel (1873 - 1948), La Lune au premier quartier. Anaglyphe obtenu au moyen de deux clichés pris au grand équatorial coudé de l’Observatoire de
Léon Gimpel (1873 - 1948), La Lune au premier quartier. Anaglyphe obtenu au moyen de deux clichés pris au grand équatorial coudé de l’Observatoire de Paris 9 mai 1897 et 7 février 1900. Paris 20 mars 1923, plaque autochrome, 12 x 9 cm.
Estimation : 1 000/1 500 €

Léon Gimpel utilise aussi du matériel astronomique pour faire des clichés, comme le 3 mars 1920 à l’observatoire de la Société astronomique de France, à l’occasion d’une éclipse, pour laquelle il réalise une prise en couleurs. Le photographe est en effet un pionnier de la couleur, comme l’a souligné l’exposition monographique organisée en 2008 au musée d’Orsay. Il réalise ses premières photographies en noir et blanc en 1897 et se distingue en restant fidèle à la technique des plaques de verre, qui permet d’intervenir a posteriori. Sa carrière de photoreporter débute en 1900, le 8 mars exactement, lors de l’incendie de la Comédie-Française. En 1904, commence sa collaboration avec le journal L’Illustration, où le nouveau directeur, René Baschet, décide de privilégier la photographie à la gravure. La même année et grâce à ce travail, Léon Gimpel fait la connaissance des frères Lumière, qui expérimentent la reproduction en couleurs. 1907 sera marqué par la présentation de leur autochrome, premier procédé industriel de photographie en couleurs. Gimpel publie dès le 29 juin, dans L’Illustration, un portrait en couleurs des souverains du Danemark en voyage à Paris : c’est la première application de l’autochrome à l’actualité. L’année suivante, les frères Lumières lui permettent de devenir membre de la Société française de photographie. Au début des années 10, Léon Gimpel modifie la chimie du nouveau procédé pour réaliser des autochromes instantanés. Ainsi devient-il le seul, avant la guerre, à pouvoir faire des reportages en couleurs en extérieur, ainsi que de nuit. Il étend ensuite le champ de ses expérimentations vers la stéréoscopie, partant explorer – comme Tintin – le relief des cratères lunaires...

jeudi 10 novembre 2011 - 14:00 (CET)
3, rue Rossini - 75009 Paris
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