Le promoteur d’une ligne de NFT corrélés à des images caricaturant le sac « Birkin » d’Hermès a été condamné pour contrefaçon de marque. Ce jugement, une première, était très attendu, car il risque d’affecter un marché digital déjà en pleine dégringolade et qui exploite à l’envi des images protégées.
Mason Rothschild, 28 ans, a été condamné le 8 février par un tribunal de New York à 133 000 $ de dommages et intérêts en faveur de la marque française. Le jury a conclu que son opération commerciale n’équivalait pas à un geste artistique protégé par la liberté d’expression. Fin 2021, il avait mis en vente les NFT de 100 images de sacs couverts de fausse fourrure kitsch et d’extraits d’œuvres d’art, surnommés «MetaBirkins». Ils ont depuis été retirés de la vente par plusieurs plateformes. Hermès lui a demandé en vain de mettre un terme à un plagiat créant une «confusion» avec ses produits et «une dilution» de son image. Mason Rothschild avait répliqué qu’il vendait des concepts et non de vrais sacs, tout en proclamant avoir voulu protester contre la «cruauté envers les animaux» reprochée à Hermès pour ses sacs en cuir. Au procès, il a allégué du précédent d’Andy Warhol reproduisant des boîtes de Campbell Soup. Il aurait mieux fait d’éviter, car – outre que le contexte historique est très différent – Campbell avait accepté de bonne grâce les détournements de l’artiste. Le 19 mai 1964, son directeur du marketing avait écrit à l’artiste une lettre pleine d’humour, «regrettant de ne pouvoir s’offrir une de ses peintures vu leur prix», mais lui annonçant l’envoi de «quelques caisses de soupe à la tomate» en signe «d’admiration» de la compagnie pour son œuvre. Une marque protégée a toujours le droit d’autoriser des reprises de ses produits, encore faut-il obtenir son accord.