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Musée Camille Claudel : À rebrousse-temps. Parcours d’art moderne et contemporain

Publié le , par Geneviève Nevejean

Musée Camille-Claudel, 10, rue Gustave-Flaubert, Nogent-sur-Seine, tél. : 03 25 24 76 34, www.museecamilleclaudel.fr
Jusqu’au 6 octobre 2019.

Orlan (née en 1947), Robe de plis sans corps, Super Or, galerie Ceysson & Bénétière,... Musée Camille Claudel : À rebrousse-temps. Parcours d’art moderne et contemporain
Orlan (née en 1947), Robe de plis sans corps, Super Or, galerie Ceysson & Bénétière, Paris.
© Adagp, Paris 2019

C’est à une conversation sans querelle entre anciens et modernes autour des thèmes de l’autoportrait, du nu idéal ou du corps au travail que nous convie «À rebrousse-temps», deuxième opus du musée dédié à Camille Claudel. La filiation est revendiquée dès la première salle, avec les peintures réalisées d’après La Valse de la sculptrice par la Marocaine Najia Mehadji. Il en va de l’appropriation et de la transgression dans Anatomy of an Angel de Damien Hirst, qui reprend littéralement L’Hirondelle blessée d’Alfred Boucher. Mais en révélant le crâne et les entrailles de son modèle, l’impénitent remet en cause, dans un memento mori subversif, l’idée religieuse du sacré et de l’immortalité. Quand ils ne sont pas artificiels – tels ceux proposés entre Camille Claudel et ORLAN –, les rapprochements révèlent la métamorphose de thèmes en apparence de toute éternité. Le nu éthéré de La Pensée d’Alfred Boucher côtoie ici l’exhibitionnisme monstrueux et narcissique du Bodybuilder de Valérie Belin. Face à l’homoérotisme du Terrassier du sculpteur Émile Laporte, le duo scandinave Elmgreen & Dragset interroge la théorie du genre en substituant scandaleusement un éphèbe androgyne à la célèbre Petite Sirène de Copenhague. Beaucoup instaurent des dialectiques riches et complexes. D’un monument de 1931 à la gloire de l’expansion coloniale, Thu-Van Tran – d’origine vietnamienne – ne retient par exemple dans Peau blanche que l’allégorie de l’Asie, un symbole du colonisé, seul artisan de la grandeur impérialiste. L’artiste d’aujourd’hui éclaire les consciences avec radicalisme, même quand le propos est celui de l’art de son temps. Ainsi, face à l’échelle surdimensionnée d’œuvres contemporaines qui sont une forme d’autocélébration et de mégalomanie, Samuel Yal oppose l’infiniment petit de son autoportrait de 9 mm. Plus que l’art, le monde a changé.

Musée Camille-Claudel,
10, rue Gustave-Flaubert, Nogent-sur-Seine, tél. 
: 03 25 24 76 34.
Jusqu’au 6 octobre 2019.
www.museecamilleclaudel.fr
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