Provenant de la famille de George-Daniel de Monfreid, deux autoportraits de l’artiste, ainsi que des bois gravés par lui-même pour le récit de Paul Gauguin Noa Noa, seront proposés aux enchères.
George-Daniel de Monfreid, Autoportrait à la veste blanche, 1889, huile sur toile, signée et datée « 14 juin 1889 », 65 x 49 cm.
Estimation : 40 000/60 000 €
À ses autoportraits peints et ses bois gravés s’ajouteront les carnets journaliers de George-Daniel de Monfreid, noircis de 1896 à 1907 puis en 1909 et enfin de 1916 à 1929. Estimé 10 000/15 000 €, cet ensemble raconte la vie, les voyages et les relations artistiques du peintre, révélant la personnalité de cet homme pleinement acquis au génie de Paul Gauguin, même après sa mort. Leur rencontre a eu lieu en 1887, par l’intermédiaire d’Émile Schuffenecker. Immédiatement est née une relation amicale très forte, au point que Gauguin, disparu aux Marquises en 1903, nomma Monfreid comme son exécuteur testamentaire. Un dévouement encore visible au travers des 23 bois gravés par Monfreid (annoncés à 6 000/8 000 €) réalisés afin d’illustrer l’ouvrage Noa Noa, souvenirs du premier voyage de Gauguin à Tahiti, mêlant la chronique de ses amours avec Tehema et l’imaginaire maori, un ouvrage didactique destiné au public parisien réticent devant ses œuvres — jugées parfois choquantes. Monfreid et son ami partagèrent cette difficulté à imposer leur travail. Mais Maurice Denis offre une autre explication : « Un homme a consacré sa vie à l’amitié de Gauguin : un peintre a sacrifié son orgueil d’artiste à la gloire de Gauguin ; passionné de peinture, il a persisté jusqu’à la fin à s’effacer, comme il le disait lui-même, dans l’ombre du grand bonhomme qui l’éclipsait de tout son génie ». George-Daniel de Monfreid ne produisait qu’une vingtaine de tableaux au plus par an. Parmi eux, en 1889, son célèbre autoportrait « à la veste blanche »(reproduit page 142) qui a été exposé de nombreuses fois, comme à Narbonne en 2003-2004 et à Cleveland en 2009-2010. Surtout, il compte parmi les trois œuvres présentées par l’artiste au café Volpini, juste en face de l’Exposition universelle de Paris, avec le « Groupe impressionniste et synthétiste », célèbre événement organisé par Gauguin en 1889. Un tableau aujourd’hui estimé 40 000/60 000 €, qui révèle la très courte période divisionniste de Monfreid : malgré les bonnes critiques, elle ne dura en effet que trois années, notamment parce que Gauguin n’aimait pas cette technique. Le changement stylistique est ainsi évident dans cet Autoportrait à la boîte de peintures de 1906, une huile sur papier contrecollé sur carton attendue à 15 000/20 000 €. Une œuvre plus en retenue et intimiste.