Nantes est ici une sorte de carrefour temporel : en 1999, Mircea Cantor (né en 1977) y effectuait son post-diplôme à l’école des beaux-arts grâce à Robert Fleck, qui l’avait découvert en Roumanie, à l’université d’art et de design de Cluj-Napoca. Un an plus tard, on lui refusait le visa pour un voyage d’étude à New York, épisode qui lui inspira la photographie All the Directions, où il se fait autostoppeur avec une pancarte muette. Tel est le point de départ de cette exposition célébrant le retour à Nantes de l’artiste, qui n’y était pas revenu depuis vingt ans d’où le titre «Inainte», pouvant se traduire par «comme avant» ou «en avant» selon le contexte. Dans la majesté de la chapelle de l’Oratoire, Cantor livre ainsi une exposition intimiste, et notamment une création : Elias (hommage à Georges de la Tour), en référence au Songe de Joseph du peintre lorrain, œuvre qu’il connaît très bien, comme toutes celles conservées au musée nantais puisqu’il y fut gardien pendant ses études. Une façon de rappeler que l’histoire de l’art est essentielle à son identité. Il partage également des pièces inédites, comme «Irréversible» , une série de photographies noir et blanc de deux peupliers que l’on abat sans raison juste devant chez lui il a alors 15 ans et déjà conscience de l’importance de témoigner , ou «36 pauses d’elle avec pomme» (2003), une exploration de la notion du temps, fondamentale dans son travail et qui l’a mené à l’art vidéo. L’exposition nous invite à la contemplation et nous bouscule amicalement, avec notamment deux vidéos dans lesquelles des manifestants brandissent des miroirs (The Landscape is Changing, 2003) et des pancartes transparentes (Adjective to Your Presence, 2018), toujours dans la délectation esthétique. Leur auteur pose un regard lucide sur la société, se gardant de porter un jugement. Le rôle de l’art n’est pas de changer le monde, cela se saurait…