Le titre fait implicitement référence à la fameuse école de Düsseldorf initiée par Bernd et Hilla Becher dans les années 1970, décennie au cours de laquelle Michael Schmidt décide de se consacrer à la photographie. Si cet autodidacte, ancien gendarme, est une figure du médium en Allemagne, il reste méconnu en France. Cette première rétrospective permet donc d’en découvrir le parcours, qui s’étend sur près de cinq décennies. Chronologique, l’exposition occupe l’intégralité du Jeu de Paume en faisant la part belle à Berlin, sa ville natale, qu’il photographie en noir et blanc sans relâche des années 1960 à la chute du Mur, en novembre 1989. Cet ensemble est symboliquement clôturé par la série «Ein-heit (Un-ité)». Son style va changer, comme le souligne la scénographie. Si dans les premières salles, les images sont alignées et espacées, elles sont ensuite regroupées en séquences et parfois collées les unes aux autres : l’œuvre de Michael Schmidt est au début documentaire, s’attachant à montrer la vie quotidienne au fil de portraits et de scènes de rue. Dans les années 1990, il continue à rendre compte du réel mais en le fragmentant, qu’il s’agisse de corps, de la nature ou d’architectures. Pour conférer un autre statut aux détails qu’il sélectionne, ses tirages s’agrandissent, donnant à voir le monde autrement par un effet de loupe. La décennie suivante voit s'opérer un passage à la couleur. Celle-ci lui permet de porter un regard critique sur la société de consommation, dont il montre les excès dans des gros plans de denrées alimentaires. Visionnaire et percutant.