Pour sa deuxième saison à la tête de la MEP, Simon Baker prend le contrepied de la première avec ce photographe originaire du New Jersey proche de Lee Friedlander et de Garry Winogrand. Aux écritures contemporaines en couleur (Coco Capitán, Ren Hang, Yoonkyung Jang…) succède donc le noir et blanc aux teintes douces et tout en nuances de gris d’Henry Wessel (1942-2018), une découverte pour la France. Ce dernier, appartenant à cette génération de photographes ayant profondément bouleversé l’approche du paysage en passant d’un point de vue distancié et contemplatif à une vision sociale cherchant à souligner l’activité humaine , a pourtant eu les honneurs du MoMA à New York en 1972. D’une salle à l’autre, on parcourt son Amérique du quotidien entre les années 1970 et 2012, dans des tirages de moyen format : ici, une femme au volant de sa voiture, là, une passante devant un motel, plus loin, des majorettes en répétition. Organisés en séquences, ces instantanés du réel dessinent finalement des récits imaginaires… Loin d’une vision documentaire traditionnelle, Henry Wessel avait choisi, ces dernières années, de replonger dans son œuvre pour concevoir des histoires inspirées des films noirs. On tombe sous le charme de ce travail articulé en trois séries, complétées d’un ouvrage rassemblant trois nouvelles écrites à partir d’une image sur place, un petit salon de lecture permet de s’y attarder. On ne manquera pas non plus «Fil noir», exposition présentée en écho, rassemblant une sélection d’images de la collection de la MEP autour de la même thématique. Des petits et grands trésors signés Brassaï, Weegee, Diane Arbus et bien d’autres, réservant de belles surprises.