Fruit d’un long travail préparatoire, le tableau de l’impressionniste allemand Max Liebermann réapparaît sur le marché pour la première fois depuis soixante-cinq ans.
À sa création, en 1909, cette huile sur toile a été acquise par Adolf Rothermundt (1846-1930), un industriel et mécène russe installé à Dresde, où il expose au public sa collection d’impressionnistes allemands et français. La toile passe ensuite, en 1910, entre les mains du marchand et critique d’art allemand Paul Cassirer (1871-1926), fervent promoteur de la Sécession berlinoise, qui a justement présenté cette œuvre dans son exposition de 1909. Cassirer était un intime de longue date de son auteur, Max Liebermann au point que, jusqu’en 1901, les deux hommes étaient associés à la direction de la Sécession, que le peintre a cofondée en 1898 avec dix de ses camarades, en réaction à l’académisme ambiant. Liebermann se qualifiait lui-même d’impressionniste, mais ce terme représentait davantage pour lui une vision du monde qu’une simple catégorie stylistique. Dans la présente toile par exemple, il associe une touche libre et légère avec une palette contrastée faisant dialoguer rouges profonds, bleus froids, verts clairs avec les teintes ocres de l’arrière-plan, dans lequel se fondent les personnages. Son pinceau retranscrit avec une grande harmonie l’agitation expressive du quartier juif d’Amsterdam. Depuis 1871, pas une année ne passe sans que Liebermann ne séjourne aux Pays-Bas, sa patrie de cœur. En 1905, il parvient à louer une chambre donnant directement sur le marché juif d’Amsterdam. Il y observe les marchands et leurs clients, capturés dans une multitude de croquis et d’études qu’il assemblera par la suite, avec minutie, pour donner, des années plus tard, cette grande œuvre finale.