La technique très impressionniste de Mary Cassatt et sa façon si particulière d’aborder le portrait sont à l’œuvre dans cette Étude pour la tasse de thé mettant en scène sa sœur Lydia.
Alors que ses œuvres à la palette jugée trop électrique essuient des refus au Salon de Paris, Mary Cassatt est invitée par Degas, en 1879, à participer à la quatrième Exposition des peintres impressionnistes. Elle y expose son Lydia dans une loge, portant un collier de perles (MBA de Philadelphie). Lydia, sa sœur, vient s’installer à Paris alors qu’elle se sait malade du foie. Les années de cette étude sont celles où l’aînée se retrouve au cœur du travail de Mary. C’est son profil qui s’esquisse dans cette étude dont la technique, très visible, saisit le spectateur. Pourtant, la radicalité de l’artiste réside avant tout dans sa façon d’aborder le sujet : le modèle ne pose pas, on le surprend. Un sentiment de voyeurisme, d’intimité volée, s’installe en contemplant Lydia, effet renforcé par l’impression générale de spontanéité. Virtuose des aplats de couleurs posés avec rapidité, Mary Cassatt brosse aussi rapidement les fonds, qui restent souvent brillamment négligés. L’étude, vraisemblablement la première pour The Cup of Tea conservé au Metropolitan Museum of Art de New York, est repérée puis achetée par Ambroise Vollard avant d’entrer dans la collection de Raoul Bouchara, membre de la dynastie textile, famille qu’elle n’a plus quitté jusqu’à ce jour. The Cup of Tea oscille entre portrait et scène de genre, tant l’intérêt du sujet pourrait davantage être le rituel anglais adopté par la haute bourgeoisie parisienne d’alors que le portrait de Lydia. Le sujet apparaît régulièrement dans les œuvres de cette époque : Le Thé (1880, MBA de Boston) revient sur ce moment de convivialité, fait de confessions et d’indiscrétions. À Paris, Mary Cassatt aura profité de l’assouplissement des normes pour se jouer des codes, au point que son œuvre en est devenue difficile à classer. Dans les musées américains, elle est tantôt rangée dans les collections américaines, tantôt dans les françaises, impressionnistes de préférence. Pourtant, elle-même demandait qu’on la qualifie de « peintre indépendante » plutôt que de « peintre impressionniste ». Amie de Berthe Morisot, Mary Cassatt s’était imposée comme la quatrième femme du groupe impressionniste, aux côtés d’Eva Gonzalès et Marie Bracquemond. Mais elle était restée une figure atypique du groupe. Elle avait, comme son mentor Degas, ceci de particulier qu’elle ne s’intéressait guère aux paysages. Ses 1 100 peintures et pastels sont dominés par le portrait et notamment cette sœur à la peau blanche et aux cheveux auburn qui décèdera en 1882, peu de temps après cette étude.