Ancrée à Chicago, la galeriste franco-somalienne Mariane Ibrahim inaugure une antenne dans la désormais convoitée avenue Matignon. Le retour de la fille prodigue qui défend l’art contemporain africain et de la diaspora avec succès.
Vous avez quitté la France il y a dix ans pour ouvrir une galerie à Seattle. L’aventure n’était-elle alors pas possible à Paris ? J’avais déjà commencé l’aventure en France, mais elle ne pouvait pas aller très loin car je voyais bien qu’il y avait une forme de résistance face aux œuvres des artistes de couleur ou issus de la diaspora africaine. Je suis partie parce que les Afro-Américains avaient commencé à se faire entendre auprès des institutions, ce qui donnait au pays une attractivité culturelle, sociale et artistique. Mais je me suis retrouvée à Seattle, une ville qui finalement n’est ni diversifiée ni artistique. Je me suis questionnée sur la manière de promouvoir les artistes dans un endroit qui n’est pas une plateforme comme New York ou Los Angeles, alors je suis allée chercher les clients. Les foires m’ont permis de présenter ma programmation et d’être en contact avec des collectionneurs itinérants et curieux. Et il ne faut pas oublier que nous étions sous le premier mandat de Barack Obama (de 2009 à 2012, ndlr). Depuis, nous avons vécu aux États-Unis non pas une révolution culturelle, mais une forme d’émancipation de la part de ceux qui n’ont pas eu beaucoup de visibilité jusqu’à présent, à savoir les…
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