Les sociétés de ventes publiques poursuivent leur reprise en France, mais un cinquième de leurs cessions dans le domaine de l’art se font désormais de gré à gré.
Les ventes aux enchères en France en 2022 consolident leur rebond consécutif à la chute de 2020. Selon le bilan présenté par le Conseil des ventes volontaires, le montant total des adjudications a été porté à 4,3 Md€, accusant une hausse annuelle de 8,2 % et de 30 % par rapport à 2019. Bonne nouvelle pour le marché de l’art, qui représente la moitié du secteur : sa progression est même supérieure (12,9 % et 35 % de mieux qu’en 2019) – alors même que le marché de l’art mondial, avec de grandes disparités, marque une pause en 2022. Moins en forme, l’autre grande catégorie, celle des véhicules d’occasion et du matériel industriel reste pratiquement stable d’une année sur l’autre avec 2 Md€ de montant de vente. Autre élément encourageant, la part prise par les clients étrangers. Dominées par les œuvres d’art, les adjudications à des acheteurs étrangers (1,5 Md€) s’élèvent à 35 % du total des ventes, contre 32 % de l’activité en 2021 et 28 % en 2020. La valeur des biens mis en vente par des étrangers monte à 583 M€, sa part dans le total des ventes passant de 11 à 13 %. Ces chiffres devraient encourager les représentants du secteur dans les discussions à venir sur la réforme de la TVA à faire valoir le dynamisme d’un régime favorable à l’entrée de recettes fiscales. Autre témoignage de bonne santé, la croissance du nombre de maisons de ventes : la France en comptait 458 en 2022 (et 700 commissaires-priseurs), contre 427 l’année précédente. 257 d’entre elles sont spécialisées dans le domaine de l’art. Les trois quarts du marché sont accaparés par les vingt premières sociétés – en progression de huit points. Recomposé en profondeur par la crise du Covid, le paysage est désormais établi : les ventes aux enchères par voie électronique représentent 64 % du montant des transactions. Celles-ci progressent encore pour les œuvres d’art, de 13 % (après la hausse spectaculaire de 54 % en 2021). Portées par ce mouvement, les cessions de gré à gré réalisées par les opérateurs font une percée, jusqu’à représenter 22 % des ventes d’art en 2022 contre 12 % en 2021 – ce qui ne manquera pas d’inquiéter les galeristes et autres marchands. La progression la plus notable est celle des vins et alcools (113 M€), avec 48 % de hausse sur un an (et 140 % par rapport à 2019), suivie par celle des chevaux (262 M€), accusant 25 % de hausse (40 % en comparaison avec 2019). Par spécialités, les arts décoratifs du XXe siècle, les tableaux et sculptures des maîtres anciens, les tableaux russes ainsi que les manuscrits et photographies font grise mine, tandis que le mobilier ancien, la numismatique et les arts asiatiques gardent des couleurs. La répartition territoriale reste dominée par l’Ile-de-France, qui accapare les deux tiers de l’activité, suivie par la Normandie (377 M€), portée par les ventes de chevaux, et la Bretagne (274 M€), dépendante à 90 % du marché du véhicule d’occasion, lequel est retombé en dépression après une année record. Cette région connaît une décroissance d’activité de 20 %, sous le coup d’une perte d’activité de 72 M€ (- 16 % du CA) de la société VPauto. Le Grand Est enregistre un recul de 22 %, qui s’explique par la vente exceptionnelle en 2021 à Épernay d’un Fragonard, pour 7,7 M€. Contrairement à d’autres estimations, ce sondage, réalisé par Toluna – Harris Interactive, repose sur des données sérieuses puisqu’il comptabilise les déclarations remplies par 92 % des entreprises du secteur.