Sorti des ateliers de Meissen vers 1724-1728, un service à café et à thé, paré de superbes tons rose et or, passa de mains en mains, pour atterrir finalement au Metropolitan Museum de New York : il se réduit à une cafetière, une théière, un sucrier, deux tasses et leurs soucoupes. Son décor est chinoisant, dans l’esprit très sophistiqué de Johann Gregor Höroldt (1696-1775). Né à Iéna, ce peintre sur porcelaine arrive à Meissen en 1720, et développe un style propre, inspiré par les motifs de Chine et du Japon. Sous sa direction, d’autres ornemanistes recopient ses dessins, véritable signature de la manufacture dans la première moitié du XVIIIe siècle. Mais, après l’arrivée du grand Johann Joachim Kändler, son emprise sur la décoration décroît, en raison du peu de place disponible sur les pièces aux formes tourmentées, inventées par le génial modeleur. Réapparu ce samedi 9 décembre à Blois, un grand bol s’avérait provenir de ce même service, en grande partie disparu. Portant la marque aux épées croisées, le précieux accessoire arbore des scènes peintes dans des réserves à fond d’or, cernées de lustre de Böttger, dans un entourage de fleurs des Indes. Quant à la dorure, omniprésente, elle aurait été appliquée à Augsbourg dans l’atelier des Seuter. Tant de qualités ne pouvaient que déclencher une rixe d’enchères, que clôturait un coup de marteau à 9 600 €. En guise de lot de consolation, et pour 4 320 €, on avait aussi cette tabatière en porcelaine également de Meissen, couverte à décor polychrome de couples galants dans des jardins, dans des réserves à fond d’or, sur monture d’or, datant de 1740-1745.