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Madame rêve en Bovary

Publié le , par Harry Kampianne

Pour le bicentenaire de la naissance de ce héraut de la littérature française, Flaubert est dans toutes les bonnes librairies. Événement bienvenu pour découvrir également un Flaubert orientaliste, photographe, explorateur, au travers de quelques expositions esquissant ces facettes méconnues du grand public. Mais la célébration...

Yves Saint Laurent (1936-2008), dessin d’après le roman Madame Bovary de Gustave... Madame rêve en Bovary
Yves Saint Laurent (1936-2008), dessin d’après le roman Madame Bovary de Gustave Flaubert, page de garde du recueil, 1951. 
© Musée Yves-Saint Laurent, Paris

Pour le bicentenaire de la naissance de ce héraut de la littérature française, Flaubert est dans toutes les bonnes librairies. Événement bienvenu pour découvrir également un Flaubert orientaliste, photographe, explorateur, au travers de quelques expositions esquissant ces facettes méconnues du grand public. Mais la célébration flaubertienne ne saurait être complète sans la présence de Madame Bovary, emblème de l’éternelle amoureuse, femme libre et passionnée, symbole d’un féminisme assumé. Pour dépoussiérer un tel chef-d’œuvre et lui donner vie sans sombrer dans la grandiloquence de la victime éplorée, il fallait une présence fantôme au gré des différentes étapes de sa courte existence. Une idée que le scénographe Jean Oddes a mise en scène dans une série de séquences, montrant une Emma bien éduquée jusqu’à son suicide. Chaque pièce de la maison Marrou, vaste demeure bourgeoise du XIXe siècle, retrace un chapitre de sa vie. Deux dispositifs renforcent l’aspect immersif : des restitutions olfactives et un parcours audio, où l’on entend l’héroïne se raconter à la première personne. On partage avec elle ses souvenirs, sa tenue de bal, ses lectures, son mariage avec Charles, son quotidien à Yonville, son escapade amoureuse en calèche, ses rêves de provinciale aux goûts de luxe. « Ses états d’âme et ses désillusions parlent à chacun de nous », semble nous dire Jean Oddes. Dans une vitrine, treize dessins originaux du futur couturier Yves Saint Laurent, alors âgé de 15 ans, esquissent à merveille cette rêveuse, dans toute sa splendeur et son désarroi. L’opéra de Rouen nous livre en accessit une kyrielle d’objets (livres, instruments de musique, corsets, robes, etc.) évoquant en demi-teinte cette ambiance désenchantée propre au bovarysme.

Maison Marrou, 29, rue Verte, www.seinemaritime.fr/flaubert21 ;
opéra de Rouen, Normandie, 7, rue du Docteur Rambert, tél. : 02 35 98 50 98, Rouen (76)
.
Jusqu’au 14 novembre 2021.
www.operaderouen.fr
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