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L’œuvre de Bail, reflet d’un monde déjà perdu

Publié le , par Anne Foster
Vente le 07 juin 2017 - 14:30 (CEST) - Salle 2 - Hôtel Drouot - 75009

Les dernières décennies du XIXe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale forment une époque fascinante, laboratoire de styles nouveaux. Aux salons, se perpétue un genre classique qui renvoie à la société une image rassurante.

Joseph Bail (1862-1921), Les Blanchisseuses, huile sur toile, 89,5 x 117 cm. Estimation :... L’œuvre de Bail, reflet d’un monde déjà perdu
Joseph Bail (1862-1921), Les Blanchisseuses, huile sur toile, 89,5 x 117 cm.
Estimation : 35 000/40 000 €

Joseph, fils de Jean-Antoine Bail, peintre intimiste, se nourrit de la tradition. Même s’il fait ses études d’art dans les ateliers de Gérôme et de Carolus-Duran, il reste attiré par les maîtres hollandais des scènes de genre et par l’atmosphère subtile de la peinture de Chardin. Dès ses premiers salons, il reçoit des récompenses, jusqu’à la médaille d’or en 1900 et une médaille d’honneur deux ans plus tard, avec le tableau Les Dentellières. Son œuvre décline les scènes domestiques, inondées de lumière, brossées de couleurs savamment choisies. Les Blanchisseuses, proposées prochainement, reflètent parfaitement son art qu’admire une société bourgeoise qui y voit non seulement son statut privilégié, mais aussi une image bienveillante de son rôle domestique. La scène se passe à l’office, proche de la cuisine, dont on aperçoit les ustensiles et les cuivres bien polis ; une perspective lumineuse, en réponse aux rayons qui se déversent par la fenêtre, baignant les blanchisseuses occupées à repasser, ravauder et trier le linge d’un blanc étincelant. Cette clarté se pose sur les coiffes de linon, les tabliers, les piles de linge, les doigts tirant l’aiguille, posés sur le fer à repasser. La femme assise à gauche de la composition est prise en contre-jour, soulignant la transparence de son bonnet agrémenté d’un ruban d’un bleu délicat ; perdue dans ses pensées, elle semble absente de la conversation menée par ses compagnes. Elles portent chacune une robe dont les larges manches sont ornées d’une bande noire, tranchant sur le rouge de l’une, le blanc de l’autre, le chamois d’une troisième et le brun-rose orangé de la dernière. L’office est d’une propreté scrupuleuse, aucune poussière ne danse dans l’air. L’armoire où sera rangé le linge de maison est bien close ; une gravure éclaire le mur au-dessus de la cimaise. Tout est calme, approprié, personnes et objets étant à leur place. Joseph Bail est l’un des meilleurs peintres de cette veine traditionnaliste qui se poursuit au milieu des débats sur les couleurs, la peinture de la vie moderne et bientôt, la déformation de la perspective et l’abandon du sujet. Il poursuit, si l’on peut dire, comme Monet les effets changeants de la lumière, mais sur des chaudrons de cuivre dont la surface polie la réfléchit, dans les offices et les cuisines, dans des natures mortes. Sa peinture renvoie aux scènes intimes de l’école hollandaise, comme on peut les voir en ce moment au Louvre dans l’exposition «Vermeer et les maîtres de la peinture de genre». Une peinture pour une société qui, comme elle, va être totalement bouleversée.

mercredi 07 juin 2017 - 14:30 (CEST) - Live
Salle 2 - Hôtel Drouot - 75009
De Baecque et Associés ,
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