Le natif de Dieppe est souvent revenu dans la région de son enfance afin de peindre des paysages aux accents fauves, à l’image de celui-ci, datant de 1904.
Si Louis Valtat a vécu à Versailles avant de s’installer à Paris pour ses études aux Beaux-Arts, dans l’atelier de Gustave Moreau, et à l’académie Julian, il est né à Dieppe. Et ce n’est donc pas une surprise de constater qu’il s’est régulièrement rendu sur ses terres natales afin d’en capter quelques coins typiques. À l’époque qui nous concerne, le peintre partage son temps entre le sud de la France — notamment Anthéor — Paris et la Normandie, où il se rend en particulier dans les beaux jours, au printemps ou en été. Il apprécie particulièrement Port-en-Bessin, Arromanches et Ouistreham. Difficile cependant de situer exactement ce paysage daté 1904. Un mur en ruine et une abbaye abandonnée, auxquels répondent les silhouettes tordues des arbres, hantent cette vue étrange et colorée dans laquelle l’artiste utilise des formes sommaires, des cernes noirs et des couleurs vives, exprimant au mieux l’été au beau ciel bleu azur. Présent au catalogue raisonné de son œuvre établi par Jean Valtat en 1977, ce tableau a également été exposé au 22e Salon des artistes honfleurais en 1970. S’il faut attendre l’année suivant son exécution pour voir rugir les fauves au Salon d’automne, cela fait déjà une décennie que Louis Valtat privilégie ces couleurs fortes et ces formes expressives. D’un tempérament calme, ne recherchant pas la gloire, il était très aimé de ses confrères pour son authenticité, perceptible jusque dans ses paysages.