Son nom signifierait «Cité du bonheur»… Petite ville située sur les plateaux à 241 kilomètres au sud d’Alger, et aux portes du désert, Bou Saâda a bien été ce paradis pour nombre d’artistes français, qui affluent à la fin du XIXe siècle. Son plus grand chantre demeure à l’évidence le peintre converti à l’islam Étienne «Nasreddine» Dinet, amoureux des femmes du lieu, dont il a laissé de nombreux nus. Quant à Louis Barrias, il y puise aussi son inspiration pour l’une de ses œuvres les plus célèbres car déclinée en de nombreuses tailles, finitions et patines : La Fileuse de Bou Saâda, également appelée Jeune fille de Bou Saâda, exécutée en 1887. Cette œuvre (qui est la reprise de la Fileuse de Mégare, sa sculpture néo-grecque du Salon de 1870) est à l’origine imaginée pour orner le tombeau de Gustave Guillaumet (1840-1887), peintre de l’Algérie, au cimetière Montmartre. Guillaumet avait souvent été séduit par le thème des tisseuses de Bou Saâda, dépeintes à plusieurs reprises. La jeune fille, assise sur un tapis, porte une ample robe portée dans la région, qu’ornent encore deux grandes fibules triangulaires, et tient un bouquet de jasmin dans sa main gauche. Rappelons enfin que le modèle en plâtre pour ce monument se trouve aujourd’hui au musée des beaux-arts de Dijon. Dans cette version en bronze doré, une fonte au sable portant le cachet de fondeur «Susse Frères à Paris», notre tisseuse emportait 18 750 €.