Première partie de la collection d’un amateur de naissance cévenole, cette dispersion livre 135 pièces, d’époque XVIIIe, aux poinçons des juridictions parisienne et régionales.
Classique, cet ensemble l’est par son type d’objets, où dominent les pièces de forme plus que celles de service – terrines, sucriers, écuelles, timbales, flambeaux, boîtes de toilette, aiguières… – mais il est en revanche particulier par leur origine. L’orfèvrerie du sud de la France, notamment du Languedoc, est à l’honneur. «Les formes exubérantes des pièces de Toulouse et Montpellier jouent harmonieusement avec celles austères de Nîmes ou de l’est de la France. Elles sont le reflet de celui qui les a collectionnées», souligne le commissaire-priseur. Plusieurs modèles aux poinçons des Bazille – orfèvres actifs à Montpellier tout au long du XVIIIe siècle et dont le peintre Frédéric Bazille (1841-1870) est issu – sont au programme, dont une écuelle couverte au poinçon de Jacques II (1741-1742), à décor ciselé d’un buste d’homme encadré de dauphins, godrons, lambrequins, la prise en bouton ornée d’un profil de femme à l’antique (2 500/3 000 €). Elle est mentionnée au catalogue de l’exposition «Orfèvrerie civile de Montpellier et du Languedoc» (1996, Musée languedocien, Montpellier). 5 000/7 000 € et 4 000/6 000 € sont espérés respectivement de deux autres de même type, l’une au poinçon de Claude Vaissière à Béziers (1731-1737),
décorée dans le même esprit, l’autre du Toulousain Louis II Samson (voir photo). Un imposant sucrier de Jean-Louis Lespinier (Narbonne, 1777-1778), orné d’un bouquet de fraises et feuillages (6 000/8 000 €), et trois saupoudroirs – l’un du Parisien Claude Dargent (1733-1734, 15 000/20 000 €), le deuxième de Jean Noé Besse à Condom (vers 1740, 10 000/15 000 €), le dernier de Johann Ludwig I Imlin (Strasbourg, 1689-1720, même estimation) – rappellent l’importance de la poudre blanche au XVIIIe. De Nîmes enfin, une paire de flambeaux ceinturée d’un filet plat, au poinçon de Raynaud Levieux, exécutée vers 1694-1698, nécessitera 8 000/12 000 €. Rendez-vous en juin pour le deuxième opus.