Cette table sonnait comme une invitation à prendre le thé avec son créateur, Édouard Lièvre, et Barbedienne, la maison de bronzes qui l’a éditée.
Lorrain monté à Paris et collaborateur de la plupart des grandes maisons de décoration et de bronzes de la seconde moitié du XIXe siècle (voir l'article Du Japon à l’Europe page 46 de la Gazette n° 32), Édouard Lièvre compte parmi les créateurs de cette époque féconde capables de toucher à tout avec talent et surtout d’innover. Il est l’un des dessinateurs les plus prolifiques, proposant ses projets lorsqu’il ne les réalise pas lui même pour une vaste gamme de productions : bronzes d’ameublement, céramiques, meubles néo-Renaissance ou japonisants si ce n’est de goût sino-japonais. C’est lors de l’Exposition universelle de 1867 qu’il prend l’art de l’empire du Soleil-Levant de plein fouet. Après son décès, deux ventes sont organisées à Drouot, du 21 au 24 mars 1887 et le 27 février 1890. Les critiques rapportent que l’«on s’écrasait à la salle». Depuis longtemps, les amateurs de bel ameublement d’art n’ont pas eu l’occasion de voir paraître aux enchères un ensemble aussi remarquable que l’œuvre du maître regretté». Et concluaient d’un avertissement : «Ses meubles feront époque comme ceux de ses célèbres devanciers des siècles passés». Dont acte. Cette table à thé, exécutée en bronze doré autour d’un plateau en émaux cloisonnés d’époque Jiaqing (1796-1820) chez Fernand Barbedienne vers 1880, repartait accompagnée d’une enchère de 37 800 €.