Le XIXe siècle se passionne pour l’Orient, Constantinople et les ruines antiques, les lieux saints, les ruines des temples d’Égypte, celles de l’Iran millénaire. L’invention de la photographie va fournir un moyen de notations précises, dont témoigne ce recueil.
Les années 1850-1860 sont un âge d’or pour les photographes professionnels installés en Orient, commercialisant leurs clichés sur place pour les voyageurs, qui rapportent ces précieuses vues comme les touristes du Grand Tour se passionnant pour les micromosaïques romaines. C’est le cas pour les deux auteurs réunis dans cet album : l’un de confession juive installé à Jérusalem, qui après s’être converti devra fuir la Palestine, l’autre italien envoyé en Iran comme instructeur auprès de l’armée du Shah, Nasser-al-Din. Photographe amateur, Luigi Pesce réalise au début des années 1850 les premières vues de Persépolis et autres sites historiques ; il s’intéresse aussi aux palais et demeures des diplomates de Téhéran. Plusieurs de ses albums sont conservés dans les collections publiques (la BnF, le Metropolitan, le Getty…). Quant à Mendel Diness, son destin fut plus compliqué. Né à Odessa, installé comme horloger à Jérusalem vers 1848, sa conversion au protestantisme va changer le cours de sa vie. Protégé par les Britanniques en Palestine, il fut formé à la photographie et prit les premiers panoramas de Jérusalem. En 1859, la tension grandissante entre les communautés juive et chrétienne le pousse à l’exil aux États-Unis. On perd sa trace jusqu’en 1989, lorsque dans un «garage sale», John Barnier, photographe professionnel tombe sur huit boîtes contenant plus de cent négatifs verre annotés «M.J. Diness», quatre carnets de notes manuscrites et quelques épreuves. Après de nombreuses recherches, Barnier et un professeur de Princeton, Dror Wahrman, retrouvent sa trace à Cincinnati (Ohio). Ayant américanisé son nom en Mendenhall, il y avait tenu une papeterie, doublée d’un magasin de photo.