Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis-Boilly, Paris XVIe, www.marmottan.fr - Jusqu’au 21 juillet 2019.
Un rêve qui nous mène sur le chemin de l’abstraction : cette exposition ne prétend pas à l’exhaustivité, mais fait preuve d’un véritable parti pris, et l’ouverture vers l’art moderne apporte une nouvelle perspective à la thématique orientaliste, souvent abordée. Elle débute en 1808 avec la La Grande Odalisque d’Ingres vue par Jules Flandrin, et s’achève vers 1920 avec notamment des peintures d’Albert Marquet, telle la lumineuse Mer calme. Sidi- Bou-Saïd. Dès le début du parcours, on est plongé au cœur du désert grâce à la couleur ocre qui tapisse murs et sols. Ingres et Delacroix ouvrent l’exposition comme chefs de file de ce mouvement initié par les campagnes napoléoniennes en Égypte. Mais alors que les peintres effectuent désormais le voyage en Afrique du Nord, l’imagination supplante encore la réalité durant plusieurs décennies, même dans les compositions magistrales de Jean-Léon Gérôme comme Le Marchand de couleurs daté vers 1890-1891 , inspirées de lieux visités mais traitant de thèmes… inventés ! Après une section consacrée au hammam, enclose d’un moucharabieh, place à la lumière dans un décor bleu irradiant. L’aridité et le soleil aveuglant du désert inspirent à Fromentin des tableaux à la fois romantiques et épurés. Les générations suivantes vont encore plus loin dans leur recherche picturale. Géométrie des formes, aplats colorés et synthèse décorative annoncent les avant-gardes. Finalement, l’Orient disparaît derrière la recherche de la couleur pure, mise en avant aussi bien par Renoir dans son Paysage algérien, le ravin de la femme sauvage que par Matisse dans son Odalisque à la culotte rouge. Trois œuvres de Vassily Kandinsky, de 1905, 1909 et 1913, démontrant comment les voyages de l’artiste en Tunisie ont influencé son évolution stylistique vers l’abstraction, concluent l’exposition : une révélation !