Défricheur, Charles-Henri-Joseph Cordier est l’un des premiers sculpteurs du XIXe siècle à s’intéresser aux figures extra-européennes, posant un regard d’artiste mais aussi d’ethnologue sur l’«Autre», et ce, dès 1846, année de sa rencontre avec le modèle Seïd Enkess, d’origine soudanaise. Dix ans plus tard, il découvre l’Algérie et tombe sous le charme de ce pays et de son authenticité ; après une série de sculptures d’inspiration africaine, sa production va désormais se teinter d’un orientalisme réaliste et, sur ses dix-huit bustes exposés au Salon de 1857, douze représenteront des Algériens. Avec cette Chanteuse mauresque adjugée 17 922 €, une épreuve en bronze à patine brune, on retrouve les femmes du Maghreb, ses modèles favoris. Une autre figure féminine séduisait le public de cette même vacation, cette fois-ci dessinée par un maître de l’art moderne, Francis Picabia. Datant des alentours de 1940-1941, la Tête de jeune femme, dessinée au crayon, possédait son certificat du comité Picabia, en date du 21 septembre 2018, et nécessitait 11 400 €. Du côté des arts décoratifs, un rare vase en porcelaine méritait le détour, sorti des fours de la Manufacture de Sèvres en 1914 comme l’attestaient un cachet de cette année ainsi que la signature «A. Fournier 1914». Avec son décor émaillé polychrome de chutes de clématites sur fond jaune nuancé, cet artefact, édité à deux exemplaires, recueillait sans peine 15 600 €.