Dix-sept livres d’exception, car écrits ou imprimés entre le XVe et le XVIe siècles, étaient livrés aux enchères à Nice ; ils provenaient tous de la même bibliothèque, celle de Georges Petit, célèbre galeriste et marchand d’art parisien de l’entre-deux-guerres. Une pépite se détachait de cet ensemble précieux : un manuscrit français du XVIe siècle, nommé Initium Sancti Evangelii Secundum Joannem, ou «Évangile de saint Jean». Il a été rédigé à la fois en latin et en langue vernaculaire, mais surtout enrichi de douze magnifiques miniatures relatant des scènes du Nouveau Testament. Telle une délicate Pentecôte, où le Saint-Esprit, représenté sous la forme d’une colombe, descend sur la Vierge et les apôtres réunis. Pour le feuilleter, il fallait envisager 31 110 €. Plus d’un siècle et demi plus tard, puisque composé par un savant entre 1680 et 1720 (dates apposées en préambule), un autre manuscrit affichait un bon score de 15 250 €. Un ouvrage original, Mémoires mathématiques ou Enseignement nécessaire tant par la géométrie, construction des fortifications que d’autres sciences mathématiques, agrémenté de plusieurs aquarelles explicatives, décrivant paysages lacustres et campagnards. Quant au Liber amicorum rédigé par Théodore Rhot de Neckarsuhm (Gazette n° 42 page 266), il remportait 18 300 €. Mais, même ici, on n’échappait pas à l’emprise de l’art de l’Extrême-Orient ; plusieurs pièces évoquaient aussi ce domaine, et en particulier un vase de forme hu arborant un riche décor à dominante bleue sur un fond jaune éclatant. Il s’ornait de rinceaux où s’épanouissaient des fleurs de lotus ; 18 840 € récompensaient cette palette virtuose. On finissait sur une peinture bien européenne, signée d’Eugène Boudin qui, pour une fois, délaissant plages et marchés normands, s’intéressait à une modeste Nature morte aux légumes, tracée sur panneau, réunissant choux-fleurs, poireaux et quelques œufs, pour totaliser 9 150 €.