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L’identité d’un maître anversois du XVIe siècle révélée

Publié le , par Anne Foster
Vente le 11 décembre 2017 - 14:00 (CET) - Salle 1 - Hôtel Drouot - 75009

Grâce à l’étude d’un tableau, qui sera mis en vente à Drouot en décembre, les limiers du cabinet Turquin ont pu rendre son nom au «Maître au perroquet». Exclusivité. 

Cornelis Bazelaere (documenté à Anvers en 1523), Vierge à l’Enfant tenant un perroquet... L’identité d’un maître anversois du XVIe siècle révélée
Cornelis Bazelaere (documenté à Anvers en 1523), Vierge à l’Enfant tenant un perroquet sur sa main gauche, panneau de chêne, 40 x 32 cm.
Estimation : 20 000/30 000 €

Lorsque Stéphane Pinta, du cabinet Éric Turquin, a appelé la Gazette pour prendre rendez-vous afin de nous montrer un tableau, on sentait l’excitation dans sa voix. Deux jours après, on se retrouvait face à un petit panneau, posé sans plus de manières sur la cimaise au-dessous d’une peinture représentant sainte Catherine d’Alexandrie, reconnaissable à l’instrument de son martyre, la roue. Cependant, l’œuvre de format modeste, signée, retient l’attention : elle représente une Vierge à l’Enfant, un perroquet perché sur la main potelée de Jésus, des fruits étant posés sur un entablement devant le groupe. Les experts du cabinet Turquin n’ont pas hésité longtemps à reconnaître la manière du «Maître au perroquet», nom de convention attribué à l’artiste du XVIe siècle par Max Jakob Friedländer, historien de l’art spécialiste des primitifs flamands. On ne vous fera pas languir plus longtemps : ainsi ont-ils identifié Cornelis Bazelaere comme étant l’artiste du groupe de peintures rassemblées sous ce vocable. «Il est donc vraisemblable qu’une importante partie des tableaux classés “du Maître au perroquet” lui reviennent en réalité, explique Stéphane Pinta. Stylistiquement, notre panneau est marqué par l’influence de Joos Van Cleve, l’un des principaux artistes d’Anvers entre 1510 et 1540, dont on retrouve ici le visage rond de la Madone.» Les archives très précises de la guilde de Saint-Luc d’Anvers mentionnent en 1523 Cornelis Bazelaere comme «scildere», c’est-à-dire maître peintre.
Le modelé doux
«À plusieurs reprises dans l’histoire de l’art, poursuit l’expert, des groupes d’œuvres rassemblées sous le nom d’un maître de convention ont été sorties de l’anonymat par la réapparition d’une œuvre signée. Joos Van Cleve  appelé “Le Maître de la Mort de la Vierge”  a pu être identifié par la lecture du monogramme JB (pour Joos Van der Beke, né à Clèves) en 1894 ; ou encore le Maître de Moulins, qu’on assimile généralement au peintre français Jean Hey grâce à sa signature sur l’Ecce Homo du musée de Bruxelles».
Le maître anversois se rapproche du style des maîtres italiens de la Renaissance, en particulier Léonard de Vinci, notamment par «le modelé doux qui tire son origine du sfumato […] Cette influence se perçoit dans notre panneau ; la position du bras droit de la Vierge est une lointaine dérivation de la
Sainte Anne du musée du Louvre et le drapé rouge aux plis marqués tire son ampleur des peintures du maître florentin». S’inscrivant dans la tradition naturaliste flamande, les poires posées au premier plan sont «un des premiers exemples des natures mortes dont l’essor dans la peinture flamande se développe à partir du XVIe siècle». Le perroquet, un des symboles de l’Immaculée Conception  les gouttes d’eau roulent dessus sans le mouiller, comme la Vierge n’est jamais souillée par les péchés  est présent dans les peintures de Van Eyck et de Memling, entre autres. On peut aussi penser que le fond noir, très probablement un repeint, cache un dais sur fond de paysage comme dans d’autres Vierge à l’Enfant attribuées au Maître au perroquet. Désormais, il est fort probable qu’elles seront incluses dans l’œuvre de Cornelis Bazelaere.

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