Grâce à la nymphe Pomone, le symboliste Alexandre Séon puise dans l’Antiquité son rêve de beauté.
Veillant sur les jardins et les fruits depuis l’Antiquité, la nymphe Pomone a séduit les artistes jusqu’au XXe siècle. Son iconographie n’a guère changé : la jeune femme, réputée pour sa beauté, porte des fruits dans ses mains ou rassemblés dans un panier, à moins qu’elle ne se serve de sa large robe plissée pour les recueillir. Une vision idyllique, à laquelle Alexandre Séon, perpétuellement en quête de perfection, ne pouvait rester insensible. Les femmes intemporelles peuplant ses paysages, dont le réalisme est estompé par le synthétisme des formes et la division des tons, participent à cette vision rêvée du monde. Un symbolisme subtil s’en dégage, servi par le jeu des lignes et l’harmonie des couleurs. La sérénité ainsi obtenue confère à ses œuvres une certaine monumentalité, qui n’est pas sans rappeler le désir initial de l’artiste de réaliser de grands décors. Un vœu imparfaitement exaucé, si l’on excepte son travail emblématique pour la salle des mariages de la mairie de Courbevoie, qui porte l’empreinte de Puvis de Chavannes. Plus modestement, cette toile a servi de décor à la salle à manger d’un certain Fernand Lévy, pour laquelle elle a été créée en 1911. Jean-David Jumeau-Lafond la signale dans le catalogue de l’exposition «Alexandre Séon, la beauté idéale», présentée au musée des beaux-arts de Quimper en 2015 et dont il a assuré le commissariat scientifique.